France World

Au Népal, la Chine déploie ses charmes par-delà l’Himalaya

https://img.lemde.fr/2021/04/22/585/0/5141/2570/1440/720/60/0/698a8c3_200292639-construction-aeroport-pokhara-2.jpg

Par Brice Pedroletti

Publié aujourd’hui à 15h09

Robe écarlate assortie à son rouge à lèvres, bottines et écharpe noires, sourire mutin, Hou Yanqi prend la pose dans l’embrasure d’une porte sculptée de Bhaktapur, capitale d’un ancien royaume, située à une quinzaine de kilomètres de Katmandou. Ses photos, publiées sur Twitter, le 31 décembre 2019, pour encourager la campagne Visit Nepal 2020 de promotion du tourisme dans le pays, pourraient tout aussi bien être celles d’une touriste chinoise en goguette. Or, Mme Hou, 51 ans mais qui en paraît dix de moins, n’est autre que l’ambassadrice de la Chine au Népal.

Dans cet ancien royaume de 30 millions d’habitants qui se déplie à la verticale du monde entre l’Inde et la région « autonome » chinoise du Tibet, Son Excellence est sur tous les fronts : distribution de bourses, de vaccins, inauguration de chantiers, séminaires sur le modèle chinois, mais aussi tournée des politiciens népalais – au grand dam d’une Inde sidérée par ces incursions dans son pré carré.

« Les Népalais ont un a priori positif envers la Chine, car le sentiment anti-indien est très répandu. Durant la guerre froide, et jusqu’à l’abolition de la monarchie, en 2008, la Chine faisait profil bas au Népal », explique le chercheur népalais Shiva Tiwari, directeur du Nepali Journal of Contemporary Studies. Mais, à la suite du processus de paix ayant mis fin à la guerre civile entre les insurgés maoïstes et les forces gouvernementales (13 000 morts, de 1996 à 2006), les partis d’obédience communiste ont obtenu une majorité relative, puis, en 2017, les deux tiers des sièges au Parlement, avant de former le Parti communiste du Népal (NCP). La fusion des deux principales composantes du mouvement communiste qui l’ont constitué, les marxistes-léninistes du premier ministre, Khadga Prasad « KP » Sharma Oli, et les maoïstes de Pushpa Kamal Dahal, dit « Prachanda » (« le féroce »), avait alors été décrite comme « négociée » par la Chine, qui s’en était félicitée.

Les communistes népalais, nationalistes et. populistes ne manquent pas une occasion de proclamer leur hostilité à l’impérialisme américain et à l’expansionnisme indien : « En pratique, la Chine exploite les bonnes dispositions qu’ils ont à son égard de par leur parenté idéologique. Même si les communistes népalais sont devenus modérés et respectent le multipartisme », poursuit M. Tiwari. Tant et si bien qu’en avril 2020, lorsque des signes de dissension sont apparus entre Oli et les maoïstes, l’ambassadrice chic et choc a fait la tournée des uns et des autres. « Elle l’a tellement fait savoir que c’en était assez étrange et maladroit », note un diplomate européen.

Il vous reste 87.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Au Népal, la Chine déploie ses charmes par-delà l’Himalaya est apparu en premier sur zimo news.