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Madère attire les « nomades » de la tech qui fuient le Covid

Relativement épargnée par la pandémie, Madère, une destination qui reste ouverte aux voyageurs, fait la cour aux « nomades numériques », ces télétravailleurs adeptes du « workation », ou contraction du work (travail) et vacation (vacances). En début d’année, à l’initiative de Gonçalo Hall, un start-upper lui-même grand voyageur, le gouvernement de cette région autonome a créé la société digital nomads Madeira Islands. Puis, il a choisi un premier site pour établir un village numérique: la petite commune côtière de Porto Do Sol, située sur la côte sud, à 20 minutes de Funchal, la capitale. Là-bas, travail rime avec connexions internet haut débit et activités diverses. Son centre culturel est converti en espace de coworking où les nomades peuvent travailler à l’intérieur ou sur la vaste terrasse donnant sur l’océan Atlantique. Ou encore pour les plus indépendants, au domicile qu’ils ont loué.

« Depuis l’ouverture du village en février, près de 300 nomades sont venus surtout d’Europe. D’autres sont attendus avant l’été. Certains sont salariés ou freelances ou encore entrepreneurs »constate Gonçalo Hall. L’impact économique est déjà palpable pour cette commune de 8.000 habitants. Les deux cafés restaurants de Ponto do Sol ne désemplissent pas. Perché sur un rocher, l’hôtel local a concocté un forfait longue durée. Tout comme les propriétaires de gîtes.

Et même les loueurs de voiture de Funchal.

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« Ici, une véritable synergie se dégage dans la communauté »

Généralement trentenaires, sans domicile ni bureau fixe, intervenant souvent dans le secteur des nouvelles technologies, ces nomades privilégient le contact avec la communauté pour échanger des idées de travail et pratiquer des activités sportives comme la randonnée, le yoga ou le surf. En pleine période de Covid, ils savourent pendant plusieurs mois, un superbe environnement: dépaysement, soleil, gastronomie, et faible coût de la vie. Et ils ne se sentent pas isolés : « En deux mois, je me suis fait une dizaine d’amis étrangers venant de tous les horizons », se réjouit Beatuz, une community manager d’origine brésilienne, basée au Portugal depuis cinq ans.

Âgé de 33 ans, Nasko, ingénieur informaticien salarié depuis 5 ans à Londres, est arrivé dès l’ouverture de Porto Do Sol, avec le feu vert de son entreprise. « Moins dérangé qu’au bureau, je travaille de manière plus efficace. Lors des visioconférences, seuls les sujets importants sont évoqués », confie ce bulgare, qui chapeaute une équipe de collaborateurs.

Durant leurs études supérieures, ces jeunes télétravailleurs ont déjà eu un parcours européen, voire international. Avant son master d’entreprenariat, Paul a passé une année de césure à Honolulu où il a découvert le surf. En France, il vient tout juste de monter Muxit, une start-up spécialisée dans les cryptomonnaies. « Ici, une véritable synergie se dégage dans la communauté. Et qui sait, je peux trouver des associés pour mon affaire. » A son avis, « les entreprises peu flexibles en imposant des réunions en présentiel risquent de perdre des talents. » En plus, dans l’archipel qui se targue d’être la Hawaï d’Europe, il pratique le surf chaque week-end.

Extension à d’autres villages

Directeur technique et associé de la start-up CashStory, Martin savoure le nomadisme numérique depuis sept ans. « A la différence de Playa Del Carmen au Mexique par exemple, le Portugal et la France se situent sur le même fuseau horaire, ce qui facilite sérieusement les échanges avec mes clients », explique ce trentenaire. Avec sa compagne Shanonne qui a quitté l’enseignement pour devenir développeuse web, plus question de travailler entre quatre murs. Au Portugal depuis plusieurs mois, ils ont posé leurs valises d’abord à Lisbonne, puis à Porto Do Sol et enfin à Funchal. Tout en restant en contact avec la communauté du village numérique pour pratiquer les activités sportives, ils préfèrent phosphorer dans la villa louée dans la capitale. 

Ce concept madérien a tellement bien pris que son fondateur, Gonçalo Hall, compte le dupliquer, dès septembre prochain, dans deux ou trois autres villages de l’archipel, y compris sur la petite île de Porto Santo. Il en est convaincu: même après la pandémie, le nomadisme de la tech va continuer à se développer.

Par notre correspondante Martine Denoune (à Madère)

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