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Covid-19: 100.000 morts et un coût de 424 milliards d’euros pour l’Etat

évité certains décès, analyse-t-il. La mortalité chez les jeunes de moins de 25 ans par exemple, très liée aux activités extérieures, morts violentes, accidents de la route, a reculé de 6%. Et la transmission de maladies infectieuses a été réduite par le ‘chacun chez soi’, d’autant que l’hiver doux a aussi rendu la grippe saisonnière moins meurtrière. »

Dans le même sens, sur un plan économique, le Covid-19, derrière son énorme coût -le PIB a chuté en 2020 de 8,3% et le « quoi qu’il en coûte » face à l’urgence a fait dévisser le déficit public à 9,2% du PIB, niveaux inédits depuis la Seconde guerre mondiale- en a-t-il cependant fait « éviter » d’autres? La question parait immorale mais une vision froidement comptable pourrait imaginer un certain allégement des comptes sociaux, particulièrement l’assurance-vieillesse et l’assurance-maladie, vu que ses victimes sont en général très âgées (âge moyen des décès de 84 ans). Pourtant, en réalité, cet impact n’a été que marginal.

Petites « économies » sur les retraites

Ainsi, selon le bilan 2020 de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (Cnav), la surmortalité due à la pandémie n’a pas fait baisser le nombre de retraités du régime général, qui étaient 14,57 millions au 31 décembre contre 14,54 millions fin 2019. Et si elle a provoqué une baisse des pensions à verser, le montant économisé en 2020, de 150 millions d’euros, est très faible rapporté aux 140 milliards que la Cnav a distribué.

Evidemment, ce montant gonfle à mesure que l’épidémie est plus meurtrière: « Pour 100.000 morts, s’ils étaient tous retraités, l’’économie’ en versement de prestations se situe autour de 800 millions en année pleine », calcule un haut fonctionnaire spécialiste des comptes de la Sécurité sociale sous couvert d’anonymat. Ce qui reste loin de compenser l’effondrement des recettes de cotisations lié aux restrictions sanitaires (chômage partiel non soumis à cotisations, reports et annulations de charges pour les entreprises) qui a creusé le déficit de la branche retraite à 11,5 milliards en 2020 là où il était prévu, avant l’épidémie, à 4,1 milliards.

Moindre consommation de soins au quotidien

Pour la branche maladie, l’effet Covid a aussi plongé les comptes dans le rouge en 2020, avec un déficit de 30,4 milliards décuplé par rapport à la prévision de 3 milliards pré-épidémie. En cause, le même effet de chute des recettes des cotisations mais aussi les dépenses nouvelles nécessaires pour lutter contre le virus. Le confinement a certes généré une sous-consommation de soins. Evitant tout contact direct, les gens se sont moins déplacés chez le médecin généraliste et les spécialistes, chez les dentistes, les kinésithérapeutes, les opticiens, et ont reporté les opérations chirurgicales. Ils ont aussi pris massivement moins de médicaments (sauf pour les anxiolytiques et somnifères).

Au total, la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) a ainsi économisé 4 milliards et le gouvernement a estimé que les complémentaires-santé privées y avaient aussi gagné 2 milliards avec les moindres demandes de remboursement… justifiant de les surtaxer de 1 milliard pour 2020 (et 500 millions pour 2021). Mais « une bonne partie de ces dépenses n’ont été que décalées et il y a, après, un rattrapage », argue Franck Le Vallois, directeur général de la Fédération française de l’assurance qui signale une envolée des factures en optique et dentaire depuis octobre. Et ces 5 milliards « récupérés » par la Cnam sont à mettre en rapport avec les 15 milliards de dépenses « spécial Covid » qui ont dû être engagées l’an dernier pour les achats en masse de masques et tests, la rémunération des soignants et labos d’analyse, l’adaptation des hôpitaux et l’ouverture de lits de réanimation. En 2021, va s’ajouter la prise en charge de la vaccination.

A plus long terme cependant, en interrompant brutalement l’allongement de l’espérance de vie des Françaises et Français, le Covid pourrait-il ralentir la hausse structurelle des dépenses de santé due au vieillissement de la population? Certainement mais moins qu’on pourrait le croire. Car, relève l’expert Pierre-Yves Cusset dans une note pour France Stratégie de 2017 sur « les déterminants des dépenses de santé », si ces dépenses croissent bien avec l’âge (le triple en moyenne pour une personne de 80 ans par rapport à une personne de 40 ans), c’est surtout la proximité de la mort -c’est-à-dire la dernière année de vie- qui coûte cher. Ainsi, il cite une étude montrant que, « en 2013, un individu qui meurt dans l’année a en moyenne et tous âges confondus des dépenses huit fois supérieures à un individu qui survit ». Or, le Covid létal, qui a souvent nécessité une hospitalisation et de longs soins, est une maladie mortelle onéreuse.

Facture de 424 milliards sur trois ans 

Au final, le Coronavirus, entre les morts qu’il continue de causer et les mesures prises pour les limiter, a plongé la France dans une crise économique inédite dont le coût est faramineux pour la puissance publique. Pour 2020, la facture (chômage partiel, fonds de solidarité, aides aux grands groupes, Ségur de la santé, mesures pour les jeunes et les pauvres, moindres rentrées fiscales) a atteint le montant colossal de 158 milliards d’euros. Et les vannes des aides restent ouvertes. Ainsi, dans Le Figaro du 13 avril, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt évaluait que, en tout, sur 2020, 2021 et 2022, « la réponse globale de la France à la crise », comptant les aides aux hôpitaux, aux ménages et aux entreprises, le plan de relance, l’inflation des dépenses sociales et les pertes de recettes, se montera à « 424 milliards d’euros ». Ce qui ne suffira pas à absorber tout le choc pour l’économie française, qui avait déjà mis près d’une décennie pour se remettre de la précédente crise de 2008.

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