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Afrique du Sud : après le suicide d’une lycéenne, les images de son harcèlement indignent

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Publié le : 19/04/2021 – 17:12

L’Afrique du Sud est sous le choc après le suicide d’une jeune lycéenne, à la suite de faits de harcèlement scolaire. Dans une série de vidéos diffusées après sa mort, on voit une autre élève la frapper violemment, sous le regard de plusieurs camarades impassibles. Une enquête a été lancée pour faire la lumière sur les circonstances de sa mort, à l’origine d’une vague d’indignation et de mobilisation contre les intimidations à l’école et en ligne.

Lufuno Mavhunga, lycéenne de 15 ans dans la ville de Thohoyandou (nord-est), est morte le 12 avril à la suite d’une overdose de médicaments. Cette prise de médicaments ferait suite, selon le témoignage de membres de sa famille, à des faits de harcèlement scolaire qu’elle aurait subis le jour même dans le lycée Mbilwi.

Dans une vidéo filmée plus tôt le jour de sa mort et diffusée sur les réseaux sociaux, on voit l’adolescente violemment frappée par une autre sous le regard d’autres lycéens en uniforme. Nous n’en diffusons que des captures d’écran, étant donné son caractère choquant.

Lufuno Mavhunga, à gauche, tente de protéger son visage des claques que lui inflige une autre élève, à gauche de l'image.
Lufuno Mavhunga, à gauche, tente de protéger son visage des claques que lui inflige une autre élève, à gauche de l'image.
Lufuno Mavhunga, à gauche, tente de protéger son visage des claques que lui inflige une autre élève, à gauche de l’image. © Twitter

On distingue l’un d’eux filmant avec son téléphone et d’autres observant la scène. En fond sonore, des adolescents semblent encourager celle qui frappe Lufuno Mavhunga et ricanent. À la fin de la vidéo, on voit une lycéenne s’avancer et tenter de s’interposer.

Dans une capture d'écran de la vidéo, on distingue un élève en train de filmer la scène avec son smartphone.
Dans une capture d'écran de la vidéo, on distingue un élève en train de filmer la scène avec son smartphone.
Dans une capture d’écran de la vidéo, on distingue un élève en train de filmer la scène avec son smartphone. © Twitter

Une autre vidéo montre Lufuno Mavhunga en train de marcher à côté d’une autre adolescente. La personne qui filme la suit, entourée d’autres lycéens non visibles. Plusieurs d’entre eux se moquent de la jeune fille en riant.

Dans la vidéo on voit Lufuno Mavhunga, ici au centre, marcher alors que d'autres élèves se moquent d'elle en fond sonore. On la reconnait à son sac à dos noir à motif blanc et à sa gourde à bouchon rose.
Dans la vidéo on voit Lufuno Mavhunga, ici au centre, marcher alors que d'autres élèves se moquent d'elle en fond sonore. On la reconnait à son sac à dos noir à motif blanc et à sa gourde à bouchon rose.
Dans la vidéo on voit Lufuno Mavhunga, ici au centre, marcher alors que d’autres élèves se moquent d’elle en fond sonore. On la reconnait à son sac à dos noir à motif blanc et à sa gourde à bouchon rose. © Twitter

C’est ce climat pesant qui aurait poussé l’adolescente au suicide, selon le témoignage détaillé de son frère, publié par le journal Sunday Times. Selon lui, elle pensait avoir raté un examen ce jour-là à cause du harcèlement qu’elle avait subi.

« Je lui ai demandé ce qu’il s’était passé et elle m’a dit que personne n’avait essayé de l’aider. Quand je l’ai appelée, elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas parler et qu’elle pensait qu’elle avait échoué [à son examen] et que l’école ne l’avait pas aidée. Le principal avait été informé du souci mais ne s’était pas occupé du problème. »

Après la diffusion de ces vidéos, le hashtag #JusticeForLufuno a largement circulé sur les réseaux sociaux pour appeler à la punition des coupables et à la mise en place de mesures fortes contre le harcèlement scolaire.

« La santé mentale est un sujet négligé en Afrique du Sud »

Un vœu que partage Tina Thiart, présidente de l’association sud-africaine 1000 Women 1 Voice, qui lutte contre les violences conjugales, les violences domestiques et le harcèlement scolaire :

Le problème du harcèlement scolaire dont on parle beaucoup en ce moment avec le cas de Lufuno Mavhunga est particulièrement grave en Afrique du Sud. Il révèle le niveau élevé de violence présent dans la société et dont les enfants sont les premières victimes.

Il faut savoir que les enfants qui harcèlent leurs camarades ont généralement des problèmes à la maison, comme un parent absent ou des violences observées ou subies. C’est d’ailleurs un problème qui traverse toutes les régions du pays, indépendamment de l’origine ou de la classe sociale de ces familles.

Les violences contre les femmes sont pour nous liées au harcèlement scolaire : si un enfant est témoin de violences à la maison, il aura appris à maltraiter les autres dès l’âge de sept ans. Et en Afrique du Sud, une femme sur quatre est dans une relation physiquement ou psychologiquement violente. On ne peut alors qu’imaginer le nombre d’enfants harceleurs qui sortent de ces foyers.

Nous ne voulons pas les mettre en prison, simplement leur fournir les clefs pour comprendre et canaliser leur colère. Il faut aussi que les autorités mettent en place une législation ambitieuse pour encadrer le harcèlement dans les établissements scolaires et sur Internet. Il faut former les directeurs et les professeurs. La santé mentale est un sujet négligé ici.

J’ai bon espoir que le cas malheureux de Lufuno Mavhunga permette enfin une prise de conscience générale sur ce sujet. Les autorités provinciales ont fait appel à nous pour que l’on vienne organiser des ateliers sur cette thématique.

Vendredi 16 avril, les autorités provinciales ont annoncé que trois élèves du lycée avaient été temporairement renvoyés et qu’ils passeront devant le conseil disciplinaire jeudi 22 avril. L’un de ces élèves a par ailleurs été arrêté par la police et doit être jugé pour des faits d’agression. Selon plusieurs médias et la Commission des droits de l’Homme sud-africaine, Lufuno Mavhunga a été frappée après avoir bloqué sur Facebook et WhatsApp son assaillante, qui lui envoyait des messages insultants.

Les funérailles de l’adolescente se sont déroulées le 17 avril à Thohoyandou.

Source

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