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Derrière la viande de cheval vendue en France, le supplice d’équidés abattus dans l’hémisphère Sud ?

Alors que la France possède le 2e cheptel équin le plus important d’Europe et qu’elle exporte ses chevaux de boucherie par milliers vers le Japon, la viande de cheval consommée dans l’hexagone provient en majorité… de l’étranger ! Un paradoxe dénoncé par l’association Welfarm – partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis – qui dévoile le supplice des équidés dans des « Champs de l’Horreur » en Argentine et dans un abattoir en Australie.

Les consommateurs de viande chevaline savent-ils vraiment ce qu’ils mettent dans leur assiette ? C’est la question posée par l’association Welfarm – partenaire de la Fondation 30 Millions d’Amis – qui dévoile, avec l’ONG Tierschutzbund Zürich / Animal Welfare Foundation (TSB/AWF), une enquête consacrée aux équidés abattus en Australie et en Argentine, dont la viande serait commercialisée notamment par les supermarchés français Leclerc, Auchan, Cora, Carrefour, Intermarché et par la chaîne de boucheries Henri Boucher. Selon les lanceurs d’alerte, dans les pays de l’hémisphère Sud, les chevaux subissent les pires sévices tout au long de leur triste existence jusqu’à leur abattage dans des conditions atroces.

Des « Champs de l’Horreur »

Tournées entre août 2019 et octobre 2020, les images diffusées par Welfarm illustrent le calvaire enduré par les équidés dans les pays exportant leur viande vers la France. En Argentine, on aperçoit des chevaux faméliques, victimes de blessures aux jambes et apparemment non soignées. Sur d’autres images, des montagnes de cadavres en décomposition surmontent ce que l’association qualifie de « Champs de l’Horreur ». Au-delà de ces visions de cauchemar, c’est tout un système et son opacité que dénoncent les défenseurs des animaux : vol de chevaux, traçabilité défaillante permettant à une « véritable mafia » de vendre ces équidés d’origine douteuse à des abattoirs exportant vers l’UE, ou encore, utilisation de substances médicamenteuses interdites sur notre sol.

 

La viande chevaline produite dans ces 4 pays [Australie, Argentine, Canada & Uruguay] est une horreur !
Adeline Colonat, Welfarm

A l’autre bout du globe, en Australie, l’association s’est intéressée à l’abattoir de Meramist, le seul de l’île-continent à exporter vers l’UE, selon ses informations. Les lanceurs d’alerte y ont filmé des chevaux arrivant déjà morts à l’abattoir, traînés par une corde hors d’un camion. D’autres images tournées quelques mois auparavant dans ce même établissement montraient des violences infligées aux équidés : des coups de bâton, des chocs électriques sur les parties génitales ainsi que des étourdissements ratés – jusqu’à 5 fois de suite ! – conduisant à la mise à mort d’animaux encore conscients. Des images aussi terrifiantes que celles déjà révélées par Welfarm et AWF/TSB en Uruguay et au Canada, autres pays exportateurs d’équidés vers l’Europe.

Des étiquettes incomplètes ou trompeuses ?

De l’autre côté de la chaîne de distribution, en France, la transparence serait loin de constituer la norme. Selon les ONG à l’origine des révélations, sur les 12 supermarchés des Hauts-de-France [région où la consommation de viande chevaline est la plus élevée, NDLR] visités par Welfarm en février 2021, un seul (Cora) proposait quelques steaks d’origine française… au milieu de produits similaires provenant, eux, de l’étranger. Toujours selon ces associations, dans ce même magasin, l’étiquette « Élaboré en France » – indiquant le lieu d’emballage du produit mais en aucun cas l’origine réelle de la viande ! – peut aisément induire le consommateur en erreur, tandis que sur les étals de la moitié des établissements visités se trouvaient des produits dont l’origine n’était nullement indiquée. Si le rayon frais réserve donc des surprises, le rayon conserverie n’est pas en reste, proposant des boîtes de la marque Equinox… elle-même liée à l’abattoir argentin de Lamar, dénoncent-elles.

« Cet inventaire n’est évidemment pas exhaustif, c’est un échantillon prélevé dans une région très consommatrice de viande chevaline, mais il est inquiétant, estime Adeline Colonat, Chargée de mission à Welfarm. Nous avons déjà alerté les distributeurs en 2019, mais ils persistent à vendre de la viande importée. Nous leur demandons de s’engager à ne plus se fournir en Argentine, Uruguay et au Canada et de ne surtout pas se rabattre sur la viande australienne… » ni d’ailleurs sur la viande d’origine belge – proposée notamment chez Intermarché – étant donné que notre voisin est lui-même un intermédiaire, ré-exportant de la viande chevaline… importée d’Australie !

Quid des contrôles ?

Des supermarchés, mais également des boucheries seraient concernées par ces ventes. Du côté de la chaîne Henri Boucher, dont le site web indique l’origine Argentine, Australie, Canada et Uruguay, les représentants se retranchent derrière le projet « Respectful Life »… censé garantir le bien-être des équidés dans les pays exportateurs, à l’aide d’inspections réalisées une fois par an dans les abattoirs par des « universitaires indépendants ». Un écran de fumée, selon Welfarm, qui déplore le fait que les responsables soient avertis par avance des contrôles à venir. Ainsi, le rapport d’inspection de l’abattoir de Land L en 2019 faisait état d’équidés bien nourris et en bonne santé, photos à l’appui… tandis que les ONG y ont pourtant filmé l’année suivante deux chevaux gisant au sol, meurtris, laissés à l’agonie une nuit entière.

Attention, ces images peuvent choquer et heurter la sensibilité du public. ©Welfarm

Aux côtés de 10 autres organismes de protection animale, les associations Welfarm et TSB/AWF adressent à la Commission européenne une pétition demandant de rayer l’Argentine, l’Australie, l’Uruguay et le Canada de la liste des pays autorisés à exporter de la viande chevaline vers l’UE, à l’instar de la décision prise pour le Brésil et le Mexique. « La viande chevaline produite dans ces 4 pays est une horreur, conclut Adeline Colonat. [Les distributeurs et les bouchers] doivent cesser d’en vendre, ou assumer ces images ». La Fondation 30 Millions d’Amis avait – elle aussi – soulevé le paradoxe de ces importations, alors que notre pays exporte des milliers de chevaux vers le Japon par avion, pour leur viande.

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