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Le rêve politique brisé d’un réfugié syrien en Allemagne

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Tareq Alaows devant le palais du Reichstag à Berlin, le 6 février Tareq Alaows devant le palais du Reichstag à Berlin, le 6 février

LETTRE DE BERLIN

Etre le premier réfugié syrien à entrer au Bundestag : telle était l’ambition de Tareq Alaows. Agé de 31 ans, cet ancien étudiant en droit et en relations internationales à Damas, fils d’un journaliste et d’une libraire, arrivé en Allemagne en 2015 après avoir fui son pays ravagé par la guerre civile, devait être le candidat des Verts dans la circonscription d’Oberhausen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), un bastion traditionnel des sociaux-démocrates (SPD), pour les élections législatives du 26 septembre.

Dans une vidéo postée sur Twitter, le 2 février, le jeune homme avait expliqué pourquoi il souhaitait devenir député, et pourquoi sous l’étiquette écologiste : « La crise climatique va aggraver la situation des populations de l’hémisphère Sud. C’est pourquoi une politique climatique équitable doit se préoccuper des réfugiés et des migrations. (…) Comme premier réfugié syrien membre du Bundestag, je veux être le porte-parole politique des centaines de milliers de personnes qui ont été obligées de migrer et qui vivent aujourd’hui parmi nous », avait-il déclaré.

Mais l’aventure a vite tourné court. Le 30 mars, Tareq Alaows a fait savoir qu’il jetait l’éponge en raison des tombereaux d’injures racistes et de menaces dont il était la cible depuis l’annonce de sa candidature.

Réussites et ratés du modèle allemand

« Ma candidature a montré que nous avons besoin de structures fortes dans tous les partis, dans le monde politique et dans la société tout entière pour faire face au racisme et aider ceux qui en sont victimes », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant : « Le grand intérêt public suscité par ma candidature a mis en lumière ce que nous pouvons faire en tant que réfugiés. Malheureusement, notre société manque de lieux où les discriminations ne sévissent pas. A nous de changer les choses, là où nous sommes. »

En annonçant qu’il se retirait de la course à la députation, Tareq Alaows a également indiqué qu’il ne s’exprimerait pas publiquement pendant un certain temps afin de se protéger lui-même ainsi que ses proches.

En moins de deux mois, son nom a tour à tour symbolisé les réussites et les ratés du modèle allemand d’intégration. D’un côté, le visage accueillant d’un pays qui, contrairement à beaucoup d’autres en Europe, ne ferma pas ses portes aux centaines de milliers de réfugiés fuyant le Moyen-Orient en guerre au mitan des années 2010. De l’autre, les crispations identitaires d’une société qui, confrontée à la vague migratoire la plus importante de son histoire contemporaine, a vu le retour en force d’une extrême droite qui avait pratiquement disparu depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

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