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La Russie en quête de « souveraineté » sur Internet

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Des manifestants, opposés au projet de loi visant à router l’ensemble du trafic Internet en Russie sur des serveurs nationaux, brandissent le portrait du cofondateur de la messagerie Telegram, Pavel Durov, à Moscou le 10 mars 2019. Des manifestants, opposés au projet de loi visant à router l’ensemble du trafic Internet en Russie sur des serveurs nationaux, brandissent le portrait du cofondateur de la messagerie Telegram, Pavel Durov, à Moscou le 10 mars 2019.

En Russie, l’heure n’est pas à la « fermeture » d’Internet, du moins pas encore, ou pas ouvertement. Depuis 2012, les autorités travaillent à augmenter leur contrôle sur les flux d’informations et sur les infrastructures. Une série de lois ont été adoptées avec un mot d’ordre : la « souveraineté », soit la capacité du réseau russe à se couper du reste du monde ou à imposer aux services étrangers de se plier aux règles du Kremlin.

La manœuvre est décrite comme défensive. Il s’agit, selon la note d’intention de la loi de 2019 « sur l’isolement du segment russe d’Internet », de répondre « au caractère agressif de la stratégie de la cybersécurité des Etats-Unis ». En clair, de se prémunir d’un éventuel blocage initié de l’extérieur.

Points de routage contrôlés par le gouvernement

Le projet visait à créer une version russe du DNS, le système d’adressage sur Internet, mais aussi à obtenir des fournisseurs d’accès qu’ils montrent dans quelle mesure ils sont aptes à diriger tous les flux d’information vers des points de routage contrôlés par le gouvernement.

En 2015, une loi avait déjà été votée, laquelle contraignait les entreprises du Web à stocker sur le territoire national les données des ressortissants russes. Plusieurs d’entre elles avaient installé des serveurs dans le pays. Linkedln, le réseau social professionnel américain, avait pour sa part fait partie des milliers de sites contraints de fermer leur accès aux utilisateurs russes.

Une série de textes permet par ailleurs d’agir contre les plates-formes, par exemple pour la diffusion de contenus jugés extrémistes, de fausses informations « susceptibles d’avoir un écho social significatif », pour les manifestations d’« irrespect » à l’Etat, ou même pour l’utilisation de gros mots. D’autres législations encadrent l’utilisation des réseaux privés virtuels (VPN), des proxys et des outils d’anonymisation ou de contournement de la censure.

Si la perspective de voir la Russie se couper des réseaux Web mondiaux paraît éloignée, c’est aussi que les infrastructures russes sont encore beaucoup plus connectées au monde extérieur que leurs homologues chinoises, par exemple. Le coût pour les entreprises serait aussi exorbitant, rappellent souvent les experts du secteur.

En revanche, à mesure que l’Etat a développé sa capacité à contrôler les réseaux, sa tentation d’accroître surveillance et censure n’a cessé d’augmenter. « Depuis les premières lois de 2012, la tendance est claire, note Artiom Kozliouk, cofondateur de l’association pour un Internet libre RoskomSvoboda. Parallèlement aux lois pour la “souveraineté”, les motifs permettant de fermer des sites n’ont cessé d’augmenter, comme les institutions habilitées à le faire. Il y en a aujourd’hui douze, sans compter les tribunaux. »

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