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En Belgique, la politique est une entreprise familiale

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Le secrétaire d’Etat fédéral belge à la digitalisation, Mathieu Michel, fils de l’ancien commissaire européen, Louis Michel, le 1er octobre 2020 à Bruxelles. Le secrétaire d’Etat fédéral belge à la digitalisation, Mathieu Michel, fils de l’ancien commissaire européen, Louis Michel, le 1er octobre 2020 à Bruxelles.

LETTRE DE BELGIQUE

Ils sont les fils et les filles « de ». On les appelle aussi les dynastes, à ne pas confondre avec les scarabées géants qui portent le même nom. Ceux qu’on évoque ici sont les membres d’une famille qui a exercé le pouvoir, puis qui l’exercent à leur tour, jouissant de ce qui ressemble apparemment à un droit de succession. Au fil du temps, la Belgique s’en est fait une spécialité.

Avec ses six gouvernements (un fédéral, cinq des régions et communautés), ses sept Parlements, ses trois zones linguistiques, ses dix provinces – et autant d’assemblées provinciales – et ses 581 communes, le royaume – 30 000 km² – offre, il est vrai, beaucoup de débouchés aux candidats mandataires. Une situation qui agace, amuse, mais ne révolte pas les Belges. Astreints au vote obligatoire, ils contribuent d’ailleurs allègrement à perpétuer, voire à encourager, une tradition qui signera bientôt l’image de leur pays, au même titre que le surréalisme, les moules-frites et la bière d’abbaye.

Dysfonctionnement

Quelque 15 % des élus du royaume ont désormais un père ou une mère qui a déjà exercé un mandat. Au-delà de 10 %, on peut affirmer qu’une démocratie qui fait la part belle aux dynasties dysfonctionne, expliquait, en 2016, une étude de l’université américaine Harvard. En Europe, seules la Grèce et l’Irlande feraient « mieux » que le pays du roi Philippe en termes de népotisme, tandis qu’en Allemagne il est presque inexistant. Aux Pays-Bas, la Chambre des députés comptait, en 2017, un seul « fils de » sur 150 élus.

Les Européens campent cependant tous très loin de la Thaïlande et des Philippines, où 40 % des parlementaires sont des dynastes. Aux Etats-Unis, 6 % seulement des élus ont des parents célèbres en politique, même si quelques exemples – les Clinton, la famille Bush et celle des Trump, demain ? – pourraient faire penser l’inverse.

Un peu critiques, mais très blasés, les citoyens belges ont quand même levé un sourcil, en octobre 2020, à l’énoncé de la composition du nouveau gouvernement fédéral. Premier ministre ? Alexander De Croo, fils d’Herman De Croo, ex-ministre, parlementaire, président de parti et maire de Brakel, poste où l’ont précédé cinq de ses ancêtres.

Ministre des finances ? Vincent Van Peteghem, fils d’un député qui fut aussi maire durant quatorze ans. Secrétaire d’Etat à l’égalité des genres ? Sarah Schlitz, petite-fille d’un ancien sénateur et maire de Liège, présentant toutefois la particularité d’être écologiste quand son aïeul était, lui, socialiste.

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