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Ombres chinoises sur les élections au Groenland

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Des membres du parti Inuit Ataqatigiit servent du café et de la soupe, dans une rue piétonne de Nuuk (Groenland), le 25 mars. Des membres du parti Inuit Ataqatigiit servent du café et de la soupe, dans une rue piétonne de Nuuk (Groenland), le 25 mars.

Mariane Paviasen a le triomphe modeste. Par son opposition à un projet de mine de terres rares et d’uranium, cette Inuit de Narsaq, dans le sud du Groenland, contrôleuse d’hélicoptère de son état, est pourtant à l’origine des élections anticipées qui se tiennent mardi 6 avril dans ce territoire autonome danois grand comme quatre fois la France pour une population de 56 000 habitants, dont une grande majorité d’Inuits. « Les gens en parlent comme de l’élection de l’uranium. Mais tant que l’élection n’est pas gagnée, rien n’est joué », dit Mariane Paviasen, elle-même candidate pour Inuit Ataqatigiit, le parti de gauche favori dans les sondages devant Siumut, le parti social-démocrate du premier ministre, Kim Kielsen.

Traditionnellement, lors des élections groenlandaises, ce sont les questions sociales qui sont à l’ordre du jour comme le manque de Groenlandais suffisamment éduqués ou le mal-être des enfants victimes d’abus. On débat également du développement de deux aéroports pour accueillir plus de touristes, ainsi que de la pêche qui est à ce jour la principale source de revenus du « Pays vert » à côté de l’argent versé par le Danemark. Mais cette élection est atypique.

Le point de fixation est un projet de mine riche en terres rares et en uranium à quelques kilomètres seulement de la petite ville de Narsaq, à peine plus de mille habitants, dans l’extrême sud du pays. On accède à la montagne qui domine le fjord en traversant une vallée où des agriculteurs cultivent des patates et élèvent des vaches.

Des minéraux dangereux

Cette région, comme le reste du pays, regorge de minerais qui attirent depuis des années l’attention de compagnies étrangères, chinoises notamment. C’est le cas du projet de mine de Kvanefjeld (Kuannersuit, en groenlandais).

Lors du débat télévisé du 30 mars sur la chaîne groenlandaise KNR, la première question à laquelle les têtes de liste devaient répondre était si 500 kg d’uranium extraits par an de Kvanefjeld seraient un volume acceptable, soit la quantité souhaitée par la compagnie australienne Greenland Minerals, dont le principal actionnaire est la firme d’Etat chinoise Shenghe Resources Holding.

En 2013, au lendemain d’un vote du Parlement groenlandais permettant l’exploitation de l’uranium, Mariane Paviasen avait fondé avec un petit groupe de femmes de Narsaq l’association Urani Naamik (« Non à l’uranium »). A force de manifestations et de courriers, elle a fini en début d’année par rallier des élus du parti du premier ministre qu’elle a transformés en frondeurs, précipitant la chute du gouvernement de coalition.

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