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Mauvaise passe pour les Eglises aux Etats-Unis

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Le président Joe Biden, à la sortie de l’église catholique romaine St. Joseph, le 16 janvier à Wilmington (Delaware). Le président Joe Biden, à la sortie de l’église catholique romaine St. Joseph, le 16 janvier à Wilmington (Delaware).

LETTRE DE WASHINGTON

Pour la seconde fois de l’histoire des Etats-Unis, un président catholique est installé à la Maison Blanche. D’ascendance irlandaise comme son lointain prédécesseur John Kennedy, Joe Biden ne fait pas mystère de sa foi comme en témoignent ses visites hebdomadaires à l’église, à Washington comme dans son Etat d’élection, le Delaware. Ce pratiquant a triomphé d’un sortant peu familier des offices mais cependant activement soutenu par le courant protestant évangélique. L’élection de Joe Biden coïncide pourtant avec une inflexion majeure signalée par le vénérable institut de sondage Gallup dans une enquête publiée le 29 mars.

Pour la première fois depuis la création du baromètre mesurant l’appartenance à une communauté religieuse, avant le début de la seconde guerre mondiale, le pourcentage d’Américains affiliés à « une église, une synagogue ou une mosquée » est en effet passé sous la barre de 50 % (47 %). La courbe publiée par Gallup est impressionnante. Après une relative stabilité de 1940 à 1990, une période pendant laquelle ce taux n’a cessé d’osciller autour de 70 % (76 % au plus haut, en 1945), une baisse régulière s’amorce que rien ne semble devoir inverser.

La poussée des « sans »

Le phénomène est alimenté par un double phénomène : le taux de personnes qui s’identifient à une religion est en baisse constante, et cette identification les pousse de moins en moins à appartenir à une communauté religieuse. Le phénomène est général et la génération des Américains nés avant 1946 en est un bon exemple. Ces « traditionalistes », comme les définit Gallup, constituaient il y a vingt ans le socle des communautés avec un taux d’adhésion de 77 % qui a chuté à 66 % en deux décennies. Cette génération ne comptait que 4 % de personnes sans affiliation religieuse en 1998-2000 alors qu’elles sont désormais 7 %.

Une étude du Pew Research Center, en 2019, avait déjà mis en évidence le croisement de deux courbes en 2014. Une majorité de personnes interrogées (54 %) assurait alors assister à un office religieux au moins une fois par mois alors qu’une minorité (45 %) assurait le faire « quelques fois par an, ou moins ». Les pratiquants très irréguliers l’emportent désormais (54 %) sur les réguliers (45 %).

Le résultat historique enregistré par Gallup est le contrepoint de la poussée des « sans » (religion) dans la société américaine. Cette communauté par défaut est en effet désormais majoritaire, avec plus d’un quart de la population, si on considère que la majorité chrétienne qui rassemble encore les deux tiers des Américains est divisée tout d’abord entre catholiques (20 % selon Pew) et protestants (43 %), et au sein de ces derniers en une myriade de sous-groupes (Blancs, Noirs, « mainstream », évangéliques). Les « sans » sont surtout en croissance régulière depuis une trentaine d’années (6 % au début des années 1990) alors que les catholiques et les protestants ne cessent perdent des fidèles.

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