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« Le braquage du siècle » des banques au Liban

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Lors d’une manifestation contre le gouvernement libanais, près du palais présidentiel à Baabda, au sud de Beyrouth, le 27 mars 2021. Lors d’une manifestation contre le gouvernement libanais, près du palais présidentiel à Baabda, au sud de Beyrouth, le 27 mars 2021.

Après la bataille des rues, place à la bataille des prétoires. Usés par des mois de manifestations sans résultat, les Libanais en lutte contre l’oligarchie qui a confisqué leur pays sont nombreux à se tourner vers les tribunaux pour obtenir justice.

Au lieu de protester sous les fenêtres du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, le cerveau des ingénieries financières qui ont précipité le Liban dans la pire crise économique de son histoire, au lieu de passer leur colère sur les devantures des banques, qui ont gelé leur épargne, les Libanais tentent la voie judiciaire, dans leur patrie comme à l’étranger.

Plusieurs centaines d’actions ont été intentées ces derniers mois contre des établissements financiers libanais, devant des magistrats du pays du Cèdre. Des dizaines de procédures ont aussi été ouvertes devant des juridictions françaises, anglaises et américaines et beaucoup d’autres dossiers sont en préparation.

Toutes ces démarches ont été lancées par des déposants, furieux de ne plus pouvoir accéder aux dollars qu’ils ont confiés à leurs banques, alors que l’inflation dépasse les 100 % et que la monnaie nationale, la livre libanaise, a perdu 90 % de sa valeur face au billet vert. « C’est l’escroquerie du siècle », fulmine Brahim Abouzeid, un avocat franco-libanais, impliqué dans cette bataille.

Quelques affaires ont fait couler beaucoup d’encre. Un groupe d’activistes a obtenu en juillet 2020 la saisie conservatoire des avoirs de Riad Salamé dans la région du Mont-Liban, une mesure essentiellement symbolique, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Un homme d’affaires jordanien, Talal Abou Ghazalé, qui a 40 millions de dollars (34 millions d’euros) bloqués à la banque SGBL, a lui aussi obtenu la saisie d’actifs de cet établissement et de ses dirigeants, afin de garantir sa créance. Une décision conservatoire que la SGBL a contesté devant le juge d’exécution de Beyrouth.

Pyramide de Ponzi

Derrière ces cas très médiatiques se trouvent des centaines d’anonymes qui, parce qu’ils ne parviennent pas à récupérer quelques dizaines ou centaines de milliers de dollars, assignent leur banque devant la justice. Comme Rebecca, une Beyrouthine de 23 ans, qui attend depuis six mois de pouvoir retirer 25 000 dollars de son compte pour financer un master de droit, aux Etats-Unis. « Il est hors de question que les banquiers continuent à mener la belle vie alors que la population souffre », s’insurge l’avocat Fouad Debs, cofondateur de l’Union des déposants libanais, qui a lancé quelque trois cents procédures.

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