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En Birmanie, des factions rebelles vont « réexaminer » le cessez-le-feu avec l’armée

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Des habitants de l’Etat de Karen manifestent contre le coup d’Etat des militaires birmans le 31 mars à Hlaingbwe, Birmanie. Des habitants de l’Etat de Karen manifestent contre le coup d’Etat des militaires birmans le 31 mars à Hlaingbwe, Birmanie.

Plus de 12 000 déplacés ont fui des raids aériens menés par l’armée birmane dans le sud-est du pays, selon l’Union nationale karen (UNK), l’un des plus importants groupes armés du pays, qui appelle la multitude de minorités ethniques à s’unir contre la répression meurtrière du régime birman.

Dix des principales factions rebelles de Birmanie ont d’ailleurs annoncé samedi 3 avril qu’elles allaient « réexaminer » l’accord de cessez-le-feu signé à partir de 2015 avec l’armée, dénonçant la répression sanglante du nouveau régime militaire à l’égard des civils.

Depuis l’indépendance de la Birmanie, en 1948, de nombreuses factions ethniques armées sont en conflit avec le gouvernement central pour obtenir plus d’autonomie, l’accès aux nombreuses richesses naturelles ou une part du lucratif trafic de drogue. A partir de 2015, l’armée a conclu un accord national de cessez-le-feu (ANC) avec dix d’entre elles, dont l’UNK. Peu après le coup d’Etat du 1er février, elles avaient indiqué continuer à appliquer cet accord, malgré le passage en force des généraux.

Mais, depuis, « des centaines de civils, des enfants, des adolescents et des femmes, ont été tués » par les forces de sécurité, a écrit samedi Yawd Serk, chef du Conseil de restauration de l’Etat Shan, un de ces groupes rebelles. Face à cela, les dix factions, qui ont entamé samedi une réunion de deux jours, vont « réexaminer » leur position concernant l’ANC, a-t-il ajouté.

L’ONU condamne, mais ne sanctionne pas

Ripostant au bain de sang des forces de sécurité contre les opposants au coup d’Etat, l’UNK s’était emparée la semaine dernière d’une base militaire dans l’Etat de Karen. L’armée avait riposté en menant des raids aériens entre le 27 et le 30 mars, ciblant des places fortes de l’UNK, une première depuis une vingtaine d’années dans cette région. « Beaucoup de civils sont morts dont des mineurs et des étudiants. Des écoles, des maisons et des villages ont été détruits », a relevé l’UNK. « Nous exhortons toutes les minorités ethniques du pays (…) à engager des actions fortes et à prendre des sanctions » contre les responsables.

Depuis le coup d’Etat, 550 civils ont été tués sous les balles des forces de sécurité d’après l’Association d’assistance aux prisonniers politiques. Le bilan pourrait être en réalité beaucoup plus lourd : plus de 2 700 personnes ont été arrêtées. Détenues au secret, sans accès à leurs proches ou à un avocat, beaucoup sont portées disparues.

Les restes d’un bâtiment dans le village de Hpapun, touché par des frappes aériennes, dans l’est de l’Etat de Karen, le 31 mars. Les restes d’un bâtiment dans le village de Hpapun, touché par des frappes aériennes, dans l’est de l’Etat de Karen, le 31 mars.

La junte a aussi bloqué l’accès à Internet pour une grande majorité de la population, coupant les données mobiles et les connexions sans fil. Les généraux font fi des condamnations internationales. Le Conseil de sécurité de l’ONU a ainsi « exprimé sa profonde préoccupation face à la détérioration rapide de la situation », condamnant « fermement » les violences dans une déclaration unanime. Mais la Chine et la Russie sont catégoriquement opposées à l’idée de sanctions des Nations unies, contrairement aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, qui en ont déjà imposé de manière unilatérale.

Le Monde avec AFP

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