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Bulgarie : Boïko Borissov, ce premier ministre controversé qui brigue un quatrième mandat

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Par Jean-Baptiste Chastand

Publié aujourd’hui à 18h11

Le scénario se répète tous les jours ou presque sur son compte Facebook. Boïko Borissov déboule au volant de son pick-up Toyota Sequoia, un modèle rare en Europe, sur un chantier d’autoroute, d’usine, de station d’épuration ou d’une nouvelle église dans un coin perdu de Bulgarie. Il en descend, sans masque et filmé en direct, serre des mains, moque le prix du chantier, donne sa veste à un ouvrier, rigole avec un autre dont la carrure lui rappelle « un ami surnommé “George le sanglier” ». Puis il prend cet air préoccupé de Marlon Brando dans Le Parrain – visage crispé, regard plissé – et se félicite, au choix, du tunnel construit « au centimètre près », de l’eau « de la meilleure qualité » ou de l’autoroute qui avance « pont après pont ».

La séquence ne dure en général qu’une dizaine de minutes, mais le chef de gouvernement conservateur ne repart jamais sans avoir glissé ce qui, n’importe où ailleurs que dans ce pays, serait assimilé à du clientélisme. « Il y a des retraités ici ? Vous avez touché les 50 leva [environ 25 euros] de hausse des pensions ? Eh bien, dites que c’est bien ! » « Viens ici, toi ! Tu sais qu’hier il y en a un qui m’a dit : “Tu fais la réparation des routes de tous les villages, sauf du mien.” Et bah, j’ai appelé le maire de son village et je lui ai donné 400 000 leva pour réparer la route. Donc si toi aussi tu as besoin de quelque chose, tu me le dis, hein ? » Au besoin, il appelle son ministre adjoint au développement régional et aux travaux publics, Nikolaï Nenkov, assis dans le pick-up. « Je le fais sortir et je le laisse ici s’il ne vous paie pas. »

Lire cet article de 2014 : Bulgarie : l’éternel retour de Boïko Borissov

Ainsi va la campagne de Boïko Borissov, 61 ans, premier ministre depuis 2009 sans discontinuer ou presque. Si les élections législatives organisées dimanche 4 avril confirment ce que prédisent les sondages, l’homme au physique d’armoire à glace, hérité de son passé de karatéka et de garde du corps, devrait rester au pouvoir quatre ans de plus. « C’est un des rares, voir le seul, qui se soit comporté comme un chef d’Etat pendant toutes ces années », vante sans réserve Nikolaï Nenkov, le ministre accompagnateur.

Une « Citrouille » bien enracinée

Après le départ annoncé, à l’automne, de la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre bulgare sera le chef de gouvernement européen en poste depuis le plus longtemps, si l’on exclut les dix-huit mois où il a été privé du pouvoir entre mars 2013 et novembre 2014. Une sacrée performance pour un tel habitué des scandales. Quel autre personnage politique résisterait à la publication de photos le montrant dormant nu à côté d’un pistolet et d’une commode remplie de billets de 500 euros ? A une corruption endémique qui a poussé des milliers de Bulgares à l’exil ou à manifester à l’été 2020 ? Et à la vengeance d’oligarques déçus, prêts à multiplier les accusations les plus compromettantes ? Personne, sans doute, à part « la Citrouille », comme le surnomment ses compatriotes.

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