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Au Maroc, les sympathies pro-israéliennes de militants de la cause amazigh

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Le roi Mohammed VI (au centre) et le haut conseiller de Donald Trump, Jared Kushner (à gauche), le 22 décembre 2020,  à Rabat, lors d’une rencontre dans le cadre du «deal» prévoyant la normalisation avec Israël. Le roi Mohammed VI (au centre) et le haut conseiller de Donald Trump, Jared Kushner (à gauche), le 22 décembre 2020,  à Rabat, lors d’une rencontre dans le cadre du «deal» prévoyant la normalisation avec Israël.

« Taza avant Gaza. » La formule claque comme un slogan. Taza, c’est un col du Rif, haut lieu de la revendication amazigh au Maroc. Jouer de la proximité phonique avec Gaza pour affirmer la primauté de la cause berbère sur la solidarité avec la Palestine est l’une des trouvailles langagières de militants amazighs marocains. Dans le royaume, ils sont les seuls à s’être réjouis au grand jour de la normalisation diplomatique avec Israël décidée le 10 décembre 2020 par le roi Mohammed VI, en échange de la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental par l’ex-président américain Trump.

La majorité de l’opinion publique avait applaudi le volet Sahara occidental du « deal » mais était restée silencieuse sur la réconciliation avec l’Etat hébreu. De nombreux activistes amazighs ne partagent pas l’embarras ambiant. Leur sympathie pro-israélienne est même si décomplexée qu’ils proposent d’ériger le 10 décembre en date anniversaire. « Le symbolisme historique de l’événement doit être célébré », clame ainsi la Confédération Atlas Transift, une coalition d’associations amazighs du Haut Atlas marocain.

Israël vu comme un modèle

C’est que l’Etat hébreu est considéré par certains militants berbères comme un modèle de réussite de réappropriation d’une terre ancestrale. « Depuis l’époque de la colonisation, les amazighs ont vu leur culture et leur histoire rejetées et réprimées, explique Mohamed El Ouazguiti, coordinateur de la Confédération Atlas Transift et créateur du site d’information AmazighWorld. Parallèlement, au Moyen-Orient, les Hébreux, victimes du même sort, sont arrivés à faire revivre leur identité et même leur langue. » L’analogie revendiquée nourrit comme un sentiment de proximité.

Quand le Maroc décide, en 2000, de fermer son bureau de liaison à Tel-Aviv en réaction à la deuxième Intifida, toute une frange des militants amazighs exprime son désaccord. Cinq années plus tard, un projet de groupe d’amitié entre Berbères et Israéliens voit le jour dans la ville d’Agadir mais l’initiative avorte après avoir suscité la polémique. Depuis, c’est en ligne, sur Facebook et WhatsApp, que ces partisans du rapprochement ont trouvé refuge.

Le Congrès mondial amazigh (CMA), une structure de coordination des associations amazighs créée en 1995 à l’échelle internationale, s’est même inspiré du modèle du Congrès juif mondial (CJM), selon Mohand Tilmatine, l’un des fondateurs de cette organisation et chercheur sur la question berbère. Le CJM avait vu le jour en 1936 dans le but de devenir le « bras diplomatique du peuple juif » mais surtout de défendre l’établissement d’un foyer juif en Palestine. « Le modèle israélien est très apprécié par un pan de la société militante amazigh mais cette comparaison a ses limites, précise M. Tilmatine. Les amazighs ont été discriminés sur une terre qu’ils n’ont jamais quittée. »

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