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Mayotte, département français toujours en quête d’identité

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Par Patrick Roger

Publié aujourd’hui à 14h52, mis à jour à 14h59

Le bâtiment trône sur la colline qui domine le port de Mamoudzou, à Mayotte. Ses murs, parés de panneaux de bois de takamaka, arborent, en grandes lettres visibles de loin, « Conseil départemental », comme pour mieux affirmer ce que ce territoire français de 374 kilomètres carrés, au large de l’océan Indien, a si longtemps revendiqué : sa départementalisation.

Composée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre, et constellée d’une trentaine de récifs, Mayotte est située dans le nord du canal du Mozambique, entre la côte swahilie et Madagascar. De ses plages septentrionales, on distingue à l’œil nu l’île comorienne de Ndzouani (anciennement Anjouan) ; de Ndzouani celle de Moili (Mohéli) ; et de Moili, celle de Ngazidja (Grande Comore). En dépit de cet ancrage géographique, culturel et de cet espace de migrations ancestrales, Mayotte a choisi de se singulariser en se tournant vers Paris, après avoir obtenu, à l’indépendance de l’archipel des Comores, en 1975, une partition aujourd’hui encore contestée.

Dix ans après la création du 101e et dernier département français, ses habitants n’en tirent cependant pas les bénéfices escomptés. La pauvreté y est endémique, les inégalités sociales abyssales. L’instabilité demeure et, comme le démontre la pandémie de Covid-19, les infrastructures sanitaires sont insuffisantes au regard de l’explosion démographique. La population légale de l’île a été multipliée par six depuis 1978, passant de 47 000 habitants à près de 290 000 aujourd’hui.

Des membres du gang des Microbs, dans le bidonville de Kaweni, le 19 décembre 2020. Le groupe est responsable de nombreux crimes tels que le vol, la violence. Certains d’entre eux n’ont même pas 15 ans.Des membres du gang des Microbs, dans le bidonville de Kaweni, le 19 décembre 2020. Le groupe est responsable de nombreux crimes tels que le vol, la violence. Certains d’entre eux n’ont même pas 15 ans.
A gauche, Mims, le chef du gang des Microbs, dans le bidonville de Kaweni, le 30 mars 2021. Après plusieurs séjours en prison pour vol, braquage et violences, il effectue un stage de réinsertion dans une fabrique de meubles auprès de l’association Wenka Culture. A droite, des membres du gang sont réunis sur un terrain vague, le 19 mars.A gauche, Mims, le chef du gang des Microbs, dans le bidonville de Kaweni, le 30 mars 2021. Après plusieurs séjours en prison pour vol, braquage et violences, il effectue un stage de réinsertion dans une fabrique de meubles auprès de l’association Wenka Culture. A droite, des membres du gang sont réunis sur un terrain vague, le 19 mars.
Une habitante traverse Kaweni, le plus grand bidonville de France, le 5 décembre 2020. Des dizaines de milliers de personnes y vivent, mais l’accès à l'eau et à l'électricité y est fortement limité. La majorité des habitants sont des migrants clandestins des Comores.Une habitante traverse Kaweni, le plus grand bidonville de France, le 5 décembre 2020. Des dizaines de milliers de personnes y vivent, mais l’accès à l'eau et à l'électricité y est fortement limité. La majorité des habitants sont des migrants clandestins des Comores.
Des hommes fabriquent des ustensiles de cuisine en fondant du métal dans le bidonville de Kaweni, le 5 décembre 2020. Les activités informelles sont le principal revenu des habitants du bidonville.Des hommes fabriquent des ustensiles de cuisine en fondant du métal dans le bidonville de Kaweni, le 5 décembre 2020. Les activités informelles sont le principal revenu des habitants du bidonville.

Malgré l’ampleur des défis, la France s’y est accrochée. Pour préserver ses intérêts dans la région après l’indépendance de Madagascar, en 1960, puis celle des trois autres îles de l’archipel comorien, la métropole a pris la mesure de sa valeur stratégique. Aux côtés de La Réunion, Mayotte fournit une base aux forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (Fazsoi). Il s’agit de surveiller les zones économiques exclusives associées aux possessions françaises – en particulier les îles Eparses (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, Europa) éparpillées le long du canal du Mozambique –, d’en contrôler les ressources halieutiques, ainsi que d’éventuels gisements d’hydrocarbures.

Pour ces Fazsoi, une autre mission consiste à lutter contre la piraterie et l’immigration illégale. Avec les « grandes oreilles » de sa station d’écoute plantée, en 1998, sur les flancs du cratère Dziani, sur Petite-Terre, le renseignement français surveille la zone.

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