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RécitLe 31 mars 2011, la petite île tournait définitivement le dos à ses voisines comoriennes et devenait un département français. Dix ans plus tard, les progrès espérés par les Mahorais ne sont pas au rendez-vous et l’Etat peine à parer à l’urgence.
Le bâtiment trône sur la colline qui domine le port de Mamoudzou, à Mayotte. Ses murs, parés de panneaux de bois de takamaka, arborent, en grandes lettres visibles de loin, « Conseil départemental », comme pour mieux affirmer ce que ce territoire français de 374 kilomètres carrés, au large de l’océan Indien, a si longtemps revendiqué : sa départementalisation.
Composée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre, et constellée d’une trentaine de récifs, Mayotte est située dans le nord du canal du Mozambique, entre la côte swahilie et Madagascar. De ses plages septentrionales, on distingue à l’œil nu l’île comorienne de Ndzouani (anciennement Anjouan) ; de Ndzouani celle de Moili (Mohéli) ; et de Moili, celle de Ngazidja (Grande Comore). En dépit de cet ancrage géographique, culturel et de cet espace de migrations ancestrales, Mayotte a choisi de se singulariser en se tournant vers Paris, après avoir obtenu, à l’indépendance de l’archipel des Comores, en 1975, une partition aujourd’hui encore contestée.
Dix ans après la création du 101e et dernier département français, ses habitants n’en tirent cependant pas les bénéfices escomptés. La pauvreté y est endémique, les inégalités sociales abyssales. L’instabilité demeure et, comme le démontre la pandémie de Covid-19, les infrastructures sanitaires sont insuffisantes au regard de l’explosion démographique. La population légale de l’île a été multipliée par six depuis 1978, passant de 47 000 habitants à près de 290 000 aujourd’hui.
Malgré l’ampleur des défis, la France s’y est accrochée. Pour préserver ses intérêts dans la région après l’indépendance de Madagascar, en 1960, puis celle des trois autres îles de l’archipel comorien, la métropole a pris la mesure de sa valeur stratégique. Aux côtés de La Réunion, Mayotte fournit une base aux forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (Fazsoi). Il s’agit de surveiller les zones économiques exclusives associées aux possessions françaises – en particulier les îles Eparses (Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India, Europa) éparpillées le long du canal du Mozambique –, d’en contrôler les ressources halieutiques, ainsi que d’éventuels gisements d’hydrocarbures.
Pour ces Fazsoi, une autre mission consiste à lutter contre la piraterie et l’immigration illégale. Avec les « grandes oreilles » de sa station d’écoute plantée, en 1998, sur les flancs du cratère Dziani, sur Petite-Terre, le renseignement français surveille la zone.
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