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Vu de Washington, les Emirats arabes unis (EAU) passent pour l’allié arabe modèle. Immensément riche, d’une stabilité à toute épreuve, dotée d’une armée performante, adepte du libéralisme culturel et sociétal occidental, la monarchie fait figure de pilier de l’ordre américain au Proche-orient. « Nous ne sommes pas dans le camp pro-américain, nous sommes l’aiguillon du camp pro-américain », s’est ainsi félicité en septembre 2020 l’ambassadeur émirati à Washington, Youssef Al-Otaïba.
Mais à y regarder de plus près, le tableau est beaucoup plus complexe. L’interventionnisme débridé dont fait preuve Abu Dhabi depuis une dizaine d’années, notamment pour contrer les mouvements de révolte populaires arabes, l’a placé sur plusieurs théâtres étrangers, comme l’Egypte, le Yémen, la Libye et la Syrie, en porte-à-faux avec les intérêts des Etats-Unis. Du temps du président Barack Obama, les EAU militaient ouvertement contre sa politique de rapprochement avec Téhéran et une fois l’accord sur le nucléaire iranien signé, ils n’ont pas ménagé leurs efforts pour discréditer cet arrangement sur la scène politique américaine.
Le mandat de Donald Trump a vu l’ingérence des Emirats dans les affaires de leur protecteur d’outre-atlantique prendre une forme encore plus offensive, avec une campagne de donations illicites lors de la présidentielle de 2016 et plusieurs scandales d’espionnage. L’agence Reuters a par exemple révélé comment la pétromonarchie a recruté des anciens de la National Security Agency, un service de renseignement américain, pour surveiller des centaines de journalistes et militants des droits de l’homme, parmi lesquels des citoyens des Etats-Unis.
Normalisation des relations avec Israël
Ces pratiques, sur lesquelles Donald Trump fermaient les yeux, auraient pu porter atteinte à la relation émirato-américaine, après l’arrivée de Joe Biden à la Maison blanche. Mais cela ne devrait pas être le cas. La décision d’Abu Dhabi de normaliser ses relations avec Israël a contribué à apaiser les griefs que certains conseillers du nouveau président – souvent des anciens de l’équipe Obama – ont pu nourrir à l’égard de cet allié somme toute assez peu respectueux. Mais cet élément n’explique pas tout.
Un rapport du centre de recherches Noria, publié mercredi 31 mars et intitulé « Dollars et décadence, la fabrique de la relation Etats-Unis – Emirats arabes unis », met en lumière deux facteurs structurants mais méconnus de l’alliance entre les deux pays : le très haut niveau d’imbrication d’Abu Dhabi dans l’économie américaine, et l’interférence croissante de la monarchie dans les processus d’élaboration de la politique étrangère des Etats-Unis.
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