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Les autorités du Rwanda, après avoir réduit la liberté d’expression dans les médias traditionnels, arrêtent et menacent désormais ceux qui se sont tournés vers Internet pour s’exprimer sur l’actualité, a affirmé mardi 30 mars Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.
L’ONG de défense des droits humains affirme qu’au moins huit personnes couvrant ou commentant l’actualité – notamment l’impact des strictes mesures anti-Covid qui ont durement touché les plus pauvres – ont été menacées, arrêtés ou traduits en justice au cours de l’année passée.
Parallèlement, Innocent Bahati, un chanteur et poète de 31 ans dont le travail se concentre sur les questions sociales, a disparu depuis le 7 février. Selon HRW, sa disparition devrait être considérée comme « suspecte » en raison de ses détentions passées pour avoir critiqué le gouvernement.
« Le passif du Rwanda en matière d’intolérance et de représailles abusives contre les critiques soulève de graves questions quant à la sécurité d’une nouvelle génération de blogueurs et de commentateurs », souligne Lewis Mudge, directeur de HRW pour l’Afrique centrale.
« Un effet d’intimidation persistant »
L’ONG appelle les dirigeants qui participeront en juin à la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth à faire pression sur le Rwanda pour qu’il lance des réformes et protège la liberté d’expression.
« Le Commonwealth ne doit pas fermer les yeux sur la répression des garanties démocratiques fondamentales et doit faire pression sur les autorités rwandaises pour introduire les réformes nécessaires pour protéger la liberté d’expression », estime-t-il.
Selon HRW, quatre blogueurs et un chauffeur travaillant pour des chaînes YouTube qui couvraient l’impact des mesures anti-Covid sur les plus pauvres ont été arrêtés en avril 2020. Ils ont été poursuivis, puis acquittés.
« Bien qu’il soit positif qu’aucun des cas n’ait débouché sur une condamnation, la menace et la peur des poursuites en raison de la couverture de sujets sensibles ont un effet d’intimidation persistant », écrit HRW.
Le Rwanda, dirigé d’une main de fer par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide qui a coûté en 1994 la vie à quelque 800 000 personnes, principalement des Tutsi, subit régulièrement des critiques, notamment de l’opposition, en raison des attaques contre la liberté d’expression.
« Au Rwanda, être de manière constante un critique du gouvernement garantit quasiment de connaître une forme de représailles, qu’il s’agisse d’arrestation, de harcèlement ou de disparition mystérieuse », selon M. Mudge.
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