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« Elle n’est pas morte, la police l’a tuée ! », ont scandé, lundi 29 mars dans plusieurs villes du Mexique, des centaines de manifestantes après la mort d’une Salvadorienne de 36 ans aux mains de la police. La vidéo glaçante de sa brutale interpellation dans la station balnéaire de Tulum (Sud-Est) rappelle l’affaire George Floyd aux Etats-Unis. Le drame relance une vague d’indignations au Mexique contre les féminicides, le racisme et les violences policières, dans un pays où plus de dix femmes sont assassinées chaque jour.
Ce samedi 27 mars, Victoria Salazar est interpellée par quatre policiers municipaux pour trouble sur la voie publique. Cette femme de ménage salvadorienne, réfugiée au Mexique depuis cinq ans, est immobilisée au sol, ventre à terre, menottée derrière le dos. Malgré les gémissements de cette dernière, qui finit par perdre connaissance, une policière maintient son genou sur sa nuque. Les policiers n’appellent pas d’ambulance. Ils chargent son corps dans leur véhicule. Des badauds effarés filment la scène.
Diffusées sur les réseaux sociaux, les images scandalisent au-delà des frontières du Mexique. L’indignation monte d’un cran, deux jours plus tard, avec la publication des résultats de l’autopsie : « Fracture de la première et de la seconde vertèbres, ayant provoqué la mort » sous la pression exercée par la policière pour maintenir au sol cette mère de deux adolescentes. Les internautes font vite le parallèle avec l’Afro-Américain George Floyd, décédé dans les mêmes circonstances, en mai 2020, dans l’Etat du Minnesota. Le procès du policier accusé de sa mort s’est ouvert, lundi, à Minneapolis.
Ce jour-là, de l’autre côté de la frontière, des centaines de féministes mexicaines manifestent, sous le slogan #JusticiaPorVictoria (justice pour Victoria), à Tulum, dans trois villes voisines et à Mexico, dénonçant une avalanche de crimes de genre : 3 723 femmes ont été assassinées en 2020 au Mexique, dont 940 considérées comme féminicides, selon les chiffres officiels. Plus de 90 % de ces crimes ne sont jamais jugés. Huit Mexicaines sur dix ont été victimes de violences machistes, une fois dans leur vie, d’après l’Institut national des statistiques (INEGI).
« Double discrimination »
La mort de Victoria révèle un autre fléau : « C’est un cas de double discrimination de la victime pour être femme et migrante », a déploré Dana Graber, représentante au Mexique de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence onusienne. Et le président salvadorien, Nayib Bukele, de préciser sur Twitter : « Ce n’est pas le peuple mexicain qui a commis ce crime, mais des criminels au sein de la police de Tulum. » Des dérives policières dénoncées par les organisations de défense des droits de l’homme qui réclament une meilleure professionnalisation des forces de l’ordre. En novembre 2020, la police de la ville de Cancun, voisine de Tulum, avait dispersé à balles réelles des manifestantes qui protestaient contre les violences de genre, faisant plusieurs blessées.
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