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Ni morte ni vivante, Sao Paulo, mégalopole paralysée par le Covid-19

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Dans un hôpital de campagne installé dans un gymnase, à Santo André, dans l’Etat de Sao Paulo, le 26 mars. Dans un hôpital de campagne installé dans un gymnase, à Santo André, dans l’Etat de Sao Paulo, le 26 mars.

Il s’appelle Rafael. A 29 ans, c’est un jeune Brésilien dans la fleur de l’âge. Il a la barbe noire et les cheveux bruns bouclés. On l’imagine aisément dans sa vie quotidienne, travaillant, heureux peut-être. On se le figure, un jour prochain, sortant prendre un verre avec des amis en ville, voyageant à travers son grand pays. Mais intubé en état critique après avoir contracté le Covid-19, Rafael balance aujourd’hui entre la vie et la mort.

A l’hôpital Brasilandia de Sao Paulo, ils sont des dizaines comme lui, malades, inconscients, reposant sous la lumière blanche de pièces sans fenêtres. Des câbles percent leurs corps, des tubes s’enfoncent dans leur gorge jusqu’à la trachée. Le long des lits, les médecins passent. Retournent les malades. Protègent parfois leurs paupières, en y scotchant une gaze. Les oreilles, elles, sont laissées libres. « On ne sait pas… peut-être nous entendent-ils », murmure un responsable des lieux.

Dans les unités de soins intensifs de cet hôpital public municipal, situé dans le nord de la mégalopole, la réalité du Covid-19 s’étale crûment : sinistre, incompréhensible. Ouvert dans l’urgence au début de l’épidémie, le Brasilandia est aujourd’hui tout entier consacré à la seule guerre contre l’épidémie. Il dispose pour cela de 406 lits, dont 188 disponibles en soins intensifs. Enfin, « disponibles » est un bien grand mot : le taux d’occupation tourne ici autour de 95 %.

La « capitale de la pandémie »

En deux mois, les hospitalisations ont explosé. « Les nouveaux arrivants sont de plus en plus jeunes, sains, sans aucune comorbidité. Leur état se dégrade très vite », commente Jair Francisco, 45 ans, infirmier en chef d’une des unités de soins intensifs. Pour preuve : un panneau fixé au mur à l’entrée d’une salle, où sont inscrits les âges des patients. Aucun n’a plus de 60 ans. « C’est dur, vraiment dur de voir ça. Il faut se raccrocher à la vie, à ceux qui réchappent à ce virus… », articule Jair, la voix cassée par l’émotion.

Ces jeunes malades au corps supplicié sont à l’image de Sao Paulo : le poumon économique et culturel du Brésil, colosse de fer et de béton aux 12 millions d’habitants (le double en comptant la banlieue) a aujourd’hui les deux genoux à terre et le cœur brisé. Le nombre de décès hebdomadaires liés au Covid-19 dans la ville a doublé en un mois. Depuis le début de l’épidémie, la cité a perdu en tout plus de 21 000 des siens.

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