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Les jours des pairs héréditaires à la Chambre des lords sont-ils comptés ?

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Le palais de Westminster, à Londres, le 27 mars. Le palais de Westminster, à Londres, le 27 mars.

LETTRE DE LONDRES

Parmi les multiples effets collatéraux de la pandémie au Royaume-Uni, outre la hausse des vols de chiens, la course à l’achat de maisons de famille à la campagne ou la passion renouvelée des Britanniques pour l’ornithologie, on constate une inflation des notes de frais des pairs héréditaires à la Chambre des lords.

A en croire le Sunday Times du 28 mars, ces membres de droit de la Chambre haute du Parlement – parce que détenteurs (tous mâles) d’un titre nobiliaire – ont réclamé près de 500 000 livres sterling (586 000 euros) de remboursements entre avril 2020 et octobre 2020 auprès du contribuable britannique. L’occasion pour l’hebdomadaire de questionner la pertinence de leurs privilèges, survivance archaïque d’une société de classe.

La pléthorique Chambre des lords (près de 800 membres) est essentiellement composée de Lords à vie nommés par la reine sur recommandations du premier ministre ou de la commission des nominations des Lords (un organe indépendant) : la plupart sont d’ex-ministres et des personnalités jugées remarquables pour leur contribution au pays.

La Chambre compte aussi vingt-six archevêques et évêques de l’Eglise d’Angleterre (une survivance du Great Council médiéval, où siégeaient le clergé et les nobles conseillant le roi) et encore 85 « pairs héréditaires », ne devant leur statut qu’à leur titre nobiliaire : au décès de leur père, seuls les fils aînés peuvent hériter de ce siège au Parlement, ou le premier descendant mâle le plus proche du défunt.

Zèle et livres sterling

Selon le Sunday Times, ces pairs héréditaires ont donc fait du zèle depuis le début de la crise sanitaire : sur les douze derniers mois, ils ont participé à 79 % des votes, contre 47 % un an auparavant. Un effet positif de la mise en place des scrutins à distance par l’administration de Westminster sur des personnes plutôt âgées et peu mobiles ? Probablement.

En conséquence, ces ducs, comtes, vicomtes, barons ou marquis ont pu réclamer des dédommagements : les Lords ne reçoivent pas de salaire mais des compensations (non imposables) de 323 livres sterling par jour à condition de participer aux travaux parlementaires. Depuis le début de la pandémie, ce forfait a certes été divisé par deux, mais il reste confortable.

Le pair héréditaire le plus assidu (ou le plus gourmand) se nomme Dominic Bryce Hubbard. A 57 ans seulement, le sixième baron Addington a réclamé 21 538 livres sterling depuis avril 2020. Ce libéral démocrate est entré à la Chambre dans les années 1980, à 22 ans seulement, à la mort de son père. Christopher John Suenson-Taylor, troisième baron Grantchester, a réclamé 17 054 livres sterling sur un an, malgré une fortune personnelle estimée à 1,2 milliard de livres. Membre du Parti travailliste – tous les pairs héréditaires ne sont pas conservateurs, même si ces derniers sont majoritaires – est passé par un collège privé (Winchester College), comme l’essentiel de ses collègues, et est à la tête d’une très grosse entreprise laitière.

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