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Quand la Finlandaise Sanna Marin a pris ses fonctions, le 10 décembre 2019, l’information a fait le tour du globe : à 34 ans, celle qui était jusque-là ministre des transports n’est pas seulement devenue la plus jeune première ministre du monde. Elle allait aussi diriger une coalition avec quatre autres partis, tous menés par des femmes, dont trois de moins de 35 ans.
« La brigade du rouge à lèvres », « le quintet féministe », « l’équipe Tampax »… Voilà pourtant, depuis, le genre de remarques les plus fréquemment utilisées par les utilisateurs finlandais de Twitter pour qualifier le gouvernement de Sanna Marin. A ces formules sexistes, il faut ajouter les insultes, les attaques personnelles et les propos haineux employés quotidiennement pour harceler les ministres femmes du gouvernement Marin.
Telles sont les tristes conclusions du rapport consacré au « harcèlement coordonné en ligne des ministres du gouvernement finlandais », publié par le Centre d’excellence de communication stratégique de l’OTAN (Stratcom) en Lettonie sur la base d’une étude menée en 2020.
Au vu des études précédentes sur le sujet, dont celle d’Amnesty International en 2018, intitulée « Toxic Twitter », qui révélait l’ampleur des attaques et de la toxicité subie par les femmes sur la plate-forme, ce travail n’aurait pas dû surprendre. Et pourtant, quand il en a présenté les conclusions, le 17 mars, l’analyste Rolf Fredheim a reconnu que le niveau de messages injurieux reçus par les ministres finlandaises était « extrêmement élevé ».
« Insultes, tentatives d’intimidation, haine »
Pendant quatre mois, du 16 mars au 27 juillet 2020, période incluant le premier confinement et les négociations à Bruxelles sur le plan de relance européen, le Stratcom a analysé l’ensemble des tweets adressés aux vingt ministres du gouvernement de Sanna Marin. Résultat : sur 350 000 messages, envoyés par un peu plus de 5 000 utilisateurs, 7 % étaient injurieux. Parmi eux, un tiers était adressé à Sanna Marin, ce qui représente près de 10 % des messages qu’elle a reçus sur Twitter.
Sa ministre de l’intérieur, chef de file de la Ligue des verts, Maria Ohisalo, 36 ans, arrive en deuxième position, avec 18 % des messages. « Dans une démocratie, il est normal qu’une personnalité politique fasse l’objet de critiques, mais la haine ne devrait pas avoir sa place », juge-t-elle, interrogée par Le Monde. Et pourtant, à chaque pas qu’elle a franchi dans sa carrière, le harcèlement sur les réseaux sociaux s’est intensifié : « Insultes, tentatives d’intimidation, haine… Tout ce que vous pouvez imaginer, j’y ai eu droit. J’ai même porté plainte pour des menaces de mort. »
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