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Attaque jihadiste au Mozambique : évacuation meurtrière de 180 personnes piégées dans un hôtel

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Publié le : 27/03/2021 – 11:33Modifié le : 27/03/2021 – 22:21

Près de 180 personnes, piégées dans un hôtel depuis trois jours à Palma au Mozambique après une attaque jihadiste, ont été évacuées samedi mais certaines auraient ensuite été tuées dans une embuscade. Selon plusieurs sources sécuritaires, les assaillants auraient entièrement pris le contrôle de la ville.

C’est une évacuation confuse qui se serait déroulée au Mozambique après l’attaque jihadiste lancée mercredi à Palma. Les 180 personnes, dont des étrangers, piégées dans un hôtel, ont été évacuées, mais certaines ont ensuite été tuées dans une embuscade tendue par les assaillants, a-t-on appris samedi 27 mars auprès d’une source de sécurité.

Peu de détails filtrent sur les conditions de cette évacuation pour le moment. La communication via téléphone portable, dans cette zone du nord-est du pays limitrophe de la Tanzanie, à proximité de la zone abritant un méga-projet gazier auquel participe le groupe français Total, est particulièrement aléatoire depuis le début de l’attaque.

Selon des sources sécuritaires, la ville de Palma serait désormais aux mains des terroristes. « Les forces gouvernementales se sont retirées de Palma, donc la ville est de fait saisie » par les groupes armés jihadistes, a affirmé à l’AFP l’une de ces sources. « Palma est tenue par les assaillants », a ajouté une autre source qui a requis l’anonymat, affirmant que des combats se poursuivaient dans la zone.

Cette attaque est survenue le jour de l’annonce par Total de la reprise des travaux de construction sur le site gazier qui devrait être opérationnel en 2024. Le géant français est le principal investisseur du projet, avec une participation de 26,5 %. Six autres groupes internationaux sont impliqués, dont l’italien Eni et l’américain ExxonMobil.

Total, a annoncé la suspension de ses opérations dans la région. L’entreprise française « ne déplore pas de victimes parmi le personnel employé sur le site du projet » à Afungi, à dix kilomètres de Palma, mais va y « réduire au strict minimum le personnel » et « la remobilisation du projet envisagée en début de semaine est bien sûr suspendue », a expliqué Total dans un communiqué.

Ville détruite

Des jihadistes ont lancé leur attaque mercredi après-midi, obligeant des habitants terrifiés à chercher abri dans la forêt environnante et des travailleurs à se réfugier dans l’hôtel Amarula, situé dans le nord de la ville.

« Presque toute la ville a été détruite. Beaucoup de gens sont morts », a signalé un travailleur par téléphone vendredi après avoir été évacué. Il n’a pas donné de détails sur les victimes et leur nationalité.

Une autre personne travaillant pour une compagnie associée au géant de l’énergie Total a dit que des hélicoptères avaient survolé l’hôtel vendredi en essayant de trouver « un corridor pour évacuer quelque 180 personnes piégées dans l’hôtel ». « Mais à la tombée de la nuit, beaucoup de personnes sont piégées sur place, alors que les rebelles avancent vers l’hôtel », a-t-elle ajouté.

Dans un bref clip vidéo posté sur les réseaux sociaux, qui n’a pas pu être vérifié, une personne non identifiée a filmé le hall de l’hôtel montrant plusieurs personnes rassemblées sur la terrasse. On entend le moteur d’un hélicoptère, alors qu’elle décrit la situation à Palma comme « critique ». « Nous ne savons pas si nous allons être sauvés », explique cette personne, ajoutant que l’hôtel manquait de nourriture, mais qu’il y avait encore de l’eau.

Allégeance à l’organisation État islamique

Palma est située à plus de 1 800 kilomètres au nord-est de Maputo dans la province riche en gaz de Cabo Delgado, où les autorités sont confrontées à une violente insurrection depuis 2017. Des jihadistes armés, connus sous le nom d’Al Shabab [« les jeunes » en arabe] et qui ont fait allégeance à l’organisation État islamique en 2019, y mènent des attaques sanglantes depuis plus de trois ans. Les attaques avaient néanmoins faibli ces derniers mois, une accalmie imputée à la riposte militaire.

Le 11 mars 2021, le département américain avait ajouté le groupe à sa liste des organisations terroristes, les considérant comme une filiale « Afrique centrale » de l’organisation de l’État islamique expliquait alors Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des groupes terroristes. Le site gazier avait déjà été pris pour cible à plusieurs reprises, notamment en juillet 2020 où huit ouvriers d’une entreprise locale travaillant pour Total avaient été tués. Les attaques avaient néanmoins faibli ces derniers mois, une accalmie imputée à la riposte militaire.

Le conflit a fait au moins 2 600 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l’ONG Acled, et forcé plus de 670 000 personnes à quitter leur foyer, selon l’ONU.

Avec AFP

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