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Comment Bayer a fait pression sur le Mexique pour empêcher l’interdiction du glyphosate

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Un manifestant porte un masque en forme de maïs, lors d’une des nombreuses manifestations mondiales de la « Marche contre Monsanto », contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) et les produits agrochimiques, à Mexico, le 24 mai 2014. Un manifestant porte un masque en forme de maïs, lors d’une des nombreuses manifestations mondiales de la « Marche contre Monsanto », contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) et les produits agrochimiques, à Mexico, le 24 mai 2014.

Le géant des pesticides et des semences OGM Bayer a perdu une bataille au Mexique. Mais pas la « guerre du glyphosate », qui se livre dans les coulisses du pouvoir. Le président, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »), a émis, le 31 décembre 2020, un décret historique qui interdit, d’ici à 2024, l’herbicide le plus utilisé au monde ainsi que le maïs transgénique. Mais des révélations en série montrent l’ampleur des pressions politiques exercées par la firme américaine pour empêcher son application. Le lobby mexicain de l’agroalimentaire fourbit ses armes. La division règne au sein du gouvernement alors que le Mexique, terre d’origine du maïs, en importe des millions de tonnes en provenance du puissant voisin américain.

Autant de tensions qui ont poussé Victor Toledo, ministre de l’environnement, à la démission, en août 2020. Fervent défenseur du « principe de précaution », cet éminent biologiste a publié, mardi 23 février, une tribune accusatrice dans le quotidien de gauche La Jornada, titrée « La guerre du glyphosate : acteurs et drame ». L’ingrédient-clé des pesticides de Monsanto, racheté en 2018 par l’allemand Bayer, est très utilisé en Amérique latine.

C’est « un venin chimique » pour M. Toledo, qui décrit dans sa tribune une « bataille féroce » : « Vous devez comprendre qu’une compagnie puissante (Bayer-Monsanto a affiché des revenus de 51 milliards de dollars [soit 43 milliards d’euros en 2019]) dispose d’une armée de scientifiques, de techniciens, de publicitaires, de lobbyistes, d’espions et de promoteurs, et, dans chaque pays, elle développe des campagnes très efficaces. »

Enjeu partagé

« AMLO » a tenu bon. Au nom de « la souveraineté alimentaire » et de la « défense de la biodiversité », le président de centre gauche joue les pionniers sur le sous-continent. Son décret donne trois ans aux agriculteurs pour cesser d’utiliser du glyphosate. D’ici là, les achats et la distribution du pesticide seront progressivement réduits. En outre, le texte prévoit, à la même échéance, la fin des importations et de la consommation de maïs génétiquement modifié.

M. Toledo termine sa tribune par un appel aux « Mexicaines et [aux] Mexicains » à « défendre par tous les moyens » l’application du décret. Et pour cause : une semaine plus tôt, le quotidien britannique The Guardian révélait les échanges entre les lobbyistes de Bayer et des hauts fonctionnaires américains visant à dissuader « AMLO » de prendre une décision contraire à leurs intérêts.

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