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Le CBD dérivé du cannabis: un marché à 1 millard d’euros en France?

« Dépasser les craintes » vis-à-vis du CBD. C’est l’appel lancé par plusieurs députés dépositaires d’un rapport publié mercredi 10 février 2021 autour du chanvre « bien-être », plus communément appelé cannabidiol (CBD). Cette molécule non psychotrope issue du chanvre est souvent « méconnue ou mal appréhendée » par les pouvoirs publics et les particuliers, est-il écrit. Une situation qui freine le développement du marché du CBD pour les producteurs français alors que la France est le premier producteur de chanvre d’Europe avec 20.000 hectares de chanvre cultivés en 2021.

La législation française approuve seulement l’utilisation des graines et de la paille si leur teneur en THC, la molécule psychotrope, est inférieure à 0,2%. Les feuilles et les fleurs de la plante qui contient le CBD ne peuvent quant à elles être exploitées et sont alors détruites. Impossible donc de commercialiser du CBD si on se fie à la loi française. L’Union européenne autorise quant à elle l’usage de la fleur de chanvre pour une concentration de moins de 0,2% de THC, et donc sa commercialisation. En novembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a par ailleurs jugé illégale l’interdiction du CBD décrétée en France. « On demande à l’exécutif de revoir les législations pour lever ce flou juridique et

qu’on puisse récolter les fleurs », confie Franck Barbier, président de l’interprofession du chanvre.

Un marché pour répondre à la demande

S’appuyant sur la législation européenne, le nombre de boutiques vendant des produits à base de CBD a explosé ces dernières années. Aujourd’hui, on compte près de 400 boutiques en France, soit presque quatre fois plus qu’avant l’été 2018, selon le Syndicat professionnel du chanvre (SPC). « On a de plus en plus de clients, notamment sur notre site Internet », constate les trois associés de Green Owl, une entreprise créée en 2018 qui regroupe désormais 10 boutiques de CBD en France ainsi qu’un site commercialisant des huiles, des chewing-gums, des fleurs, des tisanes ou encore des gélules. La raison d’un tel succès ? La montée en puissance d’une clientèle à la recherche de remèdes naturels présentant des bienfaits thérapeutiques. « Nos clients viennent principalement pour soulager leurs problèmes musculaires, de stress, d’anxiété ou de sommeil », rapportent-ils. « Dernièrement, on a observé une augmentation de la demande pour les produits autres que les fleurs de CBD, c’est pourquoi on se concentre particulièrement sur les produits dérivés », précisent-ils. Une tendance approuvée par Franck Barbier qui souligne une nette croissance concernant les produits alimentaires et cosmétiques issus du chanvre. D’ici trois ans, les trois entrepreneurs espèrent ouvrir une soixantaine de magasins supplémentaires dans tout l’Hexagone.

« Pas assez de recul »

Ouvrir la filière à l’exploitation du CBD représenterait pour le marché français des opportunités d’emplois et de profits importants, arguent ses défenseurs. Si les règlementations françaises s’alignent sur celles de l’Europe, Franck Barbier estime que le marché du CBD pourrait éteindre 1 milliard d’euros d’ici 2024 en France. Toutefois, la filière du chanvre reste prudente sur l’ouverture de nouvelles variétés au taux de THC compris entre 0,6 à 1%. Ce qui n’est pas le cas des députés signataires du récent rapport parlementaire qui jugent ce seuil « pertinent ». « Ce rapport va trop loin. On n’a pas assez de recul pour accepter un taux supérieur à 0,2% de THC », explique le président d’interChanvre. Actuellement, « la filière est capable et prête à produire du CBD avec un taux de THC inférieur à 0,2% pour répondre aux demandes existantes, mais pour cela, il faut que l’exécutif s’empare du sujet », poursuit Franck Barbier.

Depuis un an, une mission parlementaire présidée par le député LR de l’Essonne, Robin Reda, travaille sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis en France. L’objectif ? Interpeller le gouvernement pour qu’il agisse rapidement. Mais ce flou juridique peine à disparaître. Une situation pesante pour certains commerçants. Dernièrement, un fleuriste de Royan (Charente-Maritime) s’est retrouvé au tribunal pour avoir vendu du CBD, rapportait Le Parisien.

 

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