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En Russie, l’inflation des denrées alimentaires nourrit la crise sociale

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Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 8,2 %, selon l’agence publique de statistiques Rosstat. Ici, à Vladivostok, en décembre 2020. Les prix des produits alimentaires ont augmenté de 8,2 %, selon l’agence publique de statistiques Rosstat. Ici, à Vladivostok, en décembre 2020.

A 85 roubles le paquet de 1 kg, soit environ 1 euro, les pâtes sont un aliment prisé des familles russes et des budgets modestes. Et si elles ne sont pas précisément connues pour être un emblème de la gastronomie russe, elles sont en train de devenir le symbole d’un hiver difficile sur le plan social dans le pays.

Parce que ce prix moyen constaté en février sur les étals traduit une augmentation de 10 roubles, soit 13 %, par rapport à février 2020. Et pour beaucoup de Russes, la différence est sensible. Elle l’est encore plus s’agissant d’autres produits de base : en un an, le sucre a grimpé de 70 %, l’huile de tournesol de 24 %, les pommes de terre de 40 %… De façon générale, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 8,2 %, selon les chiffres fournis par l’agence publique de statistiques Rosstat.

Les raisons de ces augmentations sont multiples : hausse des prix sur les marchés mondiaux ; chute du rouble, qui augmente le prix des intrants et pousse les producteurs à choisir l’export… A cela s’ajoutent des causes plus spécifiques, comme un hiver rigoureux qui a renchéri les prix des fruits et légumes produits sous serre, ou une épizootie de grippe aviaire qui a conduit à une hausse des prix de la volaille et des œufs…

« Accumulation »

Dès la mi-décembre 2020, le président russe, Vladimir Poutine, s’est emparé du sujet, mettant en avant précisément les exemples des pâtes et du sucre. « Nous avons eu des récoltes record de céréales cette année, a-t-il dit lors de sa conférence de presse annuelle, le 17 décembre. Et malgré ça, le prix du pain et des pâtes [produites en Russie même] augmente. Comment est-ce possible ? » En réalité, l’inflation générale, qui s’est établie à 7,7 % cette année, se situe dans des ordres de grandeur habituels pour la Russie, quoique au plus haut depuis 2015.

Mais les hausses dans le secteur agricole sont les plus douloureuses pour les foyers pauvres, et aussi les plus gênantes pour le pouvoir. Depuis l’adoption de sanctions européennes et américaines à son encontre en 2014, et surtout l’embargo sur les produits agricoles de ces régions décidé en réponse, Moscou se targue d’avoir développé une agriculture performante en termes de prix et de qualité. « Le problème n’est pas vraiment l’inflation en tant que telle, confirme l’économiste Igor Nikolaev, fondateur du cabinet FBK. Si les revenus des citoyens augmentaient, la hausse des prix serait indolore. Mais la baisse des revenus est telle que la moindre augmentation est douloureuse. C’est une accumulation. »

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