Et si l’Etat français profitait de l’envolée des cryptomonnaies pour remplir ses caisses? Plus de 600 bitcoins, d’une valeur dépassant aux cours actuels les 30 millions de dollars, sont vendus aux enchères mercredi dans le cadre d’une affaire de justice, une première en France.
Plus habituées à manier le marteau pour des ventes de voitures ou d’oeuvres d’art, les maisons d’enchères hexagonales bénéficient d’une loi de 2015 sur les biens meubles incorporels leur permettant de vendre une cryptomonnaie.
Mandatée à l’automne dernier par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) suite à une affaire entre les mains du département « cyber » du parquet de Paris, c’est la maison d’enchères Kapandji Morhange qui doit tenir cette première vente mercredi, organisée pour l’essentiel en ligne.
« On a bien fait de prendre notre temps » dans la préparation de l’événement, se félicite son commissaire-priseur Ghislaine Kapandji auprès de l’AFP: au début des préparatifs en septembre dernier, le prix d’un bitcoin était d’environ 10.000 dollars… bien loin du pic historique atteint au cours du week-end à plus de 60.000 dollars, donnant à la vente de ces 611 bitcoins une toute autre dimension.
Même si elle est souvent accusée d’être un actif spéculatif ou de servir à des réseaux criminels, la plus célèbre des monnaies virtuelles a connu une envolée historique ces derniers mois. Elle a aussi été adoubée par des entreprises emblématiques, comme le constructeur automobile Tesla qui en acheté pour 1,5 milliard de dollars, ou le plus grand gérant de fonds au monde, Blackrock, qui s’est dit désormais prêt à y investir.
S’il s’agit de la première vente aux enchères de ce type dans l’hexagone, d’autres ont déjà été organisées depuis plusieurs années à l’étranger.
La toute première s’est tenue en 2014 aux Etats-Unis, suivis depuis par le Canada, l’Australie, la Belgique ou la Grande Bretagne, précise Kapandji Morhange, qui explique s’être « inspirée » de ces expériences pour organiser sa propre vente.
– 1.600 inscrits –
Les enchères sont organisées à partir de 09H00 et débuteront autour de 60% du cours du bitcoin constaté mercredi matin.
Près de 1.600 personnes, beaucoup plus que pour la plupart des ventes traditionnelles, se sont inscrites pour y participer — surtout des résidents français, mais aussi belges et britanniques.
Les enchères sont divisées en deux parties: 437 lots de 0,11 à 2 bitcoins le matin, puis 42 lots de 5 à 20 bitcoins l’après-midi.
Il a notamment été demandé aux inscrits une caution de 10.000 euros pour les lots les plus chers, ainsi que plusieurs documents attestant de leur identité et résidence.
« On n’est pas sur des montants habituels », justifie Ghislaine Kapandji au sujet des précautions prises.
En cas de confiscation définitive des bitcoins au terme de l’affaire de justice en cours, le fruit de la vente, hors commissions à la maison d’enchères, doit aller au budget de l’Etat français, aux victimes potentielles ou à des organisations de bienfaisance.
En cas de relaxe en revanche, le produit de la vente sera restitué au prévenu, a récemment précisé au Figaro Nicolas Bessone, le directeur général de l’Agrasc. Dans l’intervalle, les fonds issus de la vente seront séquestrés à la Caisse des dépôts.
Interrogé sur l’affaire de justice en cours par l’AFP, le parquet de Paris n’a pas souhaité faire de commentaires pour l’heure.
Du côté des acheteurs, le transfert des bitcoins passera directement d’un compte sécurisé aux portefeuilles de cryptomonnaie de chacun des futurs propriétaires. Comme pour les autres ventes aux enchères, le transfert juridique sera effectué quant à lui au tomber de marteau.
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