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« Pour défaire durablement l’Etat islamique en Syrie, ce sont désormais les rebelles qu’il faut stabiliser »

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Tribune. Après une première phase de mobilisations spontanées en 2011 suivie d’une longue descente aux enfers à travers huit ans de guerre civile, la crise syrienne se stabilise avec des lignes de front moins actives et des opérations militaires plus résiduelles. Entre octobre 2019 et mars 2020, une série d’accords entre la Turquie, la Russie et les Etats-Unis ont mis un coup d’arrêt aux appétits de reconquête du régime dans la région d’Idlib [au nord-ouest de la Syrie] et aux tentatives de la Turquie pour écraser le mouvement kurde. Ces trois puissances se partagent désormais des zones d’influence.

Dans les zones rebelles, ce nouvel équilibre clôt une première phase de la révolution syrienne, où la fragmentation prévalait, et consacre la domination des mouvements militants émanant d’organisations internationalistes : le Parti de l’union démocratique (PYD) dans le Nord-Est syrien (NES), mouvement nationaliste kurde issu des rangs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et l’organisation islamiste de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS) à Idlib, ancienne filiale syrienne d’Al-Qaida.

Ces deux organisations règnent en maître sur près d’un quart de la Syrie, l’essentiel des ressources du pays et un tiers de sa population. Elles constituent désormais la seule alternative face au régime de Bachar Al-Assad, alors que l’opposition politique en exil n’a plus de prise sur le terrain et que les factions restantes de l’Armée syrienne libre (ASL) sont assujetties soit à la Turquie soit à HTS.

De plus, aucun des Etats engagés dans le conflit ne veut véritablement remettre en cause le statu quo dans leur zone d’influence. Les Etats-Unis considèrent le mouvement kurde comme la seule option viable face à l’Etat islamique tandis que la Turquie veut éviter d’administrer directement la zone qu’elle contrôle autour d’Idlib et délègue cette gestion aux instances militaires et administratives que HTS a mises en place.

Occuper le terrain

Avec la trêve qui s’instaure, la guerre de front cède le pas à une guerre d’usure. Les rapports de force entre le régime, les oppositions et l’organisation Etat islamique [dont l’acronyme arabe est Daech] se déplacent du champ de bataille vers le terrain de la stabilisation et de la résilience. Et, de ce fait, c’est bien le rapport de force même qui change car, dans cette nouvelle phase, les deux oppositions ne manquent pas d’atouts face au régime : accès à des devises fortes (« turquisation » des échanges à Idlib, « dollarisation » de l’économie dans le Nord-Est), solidité économique des Etats sponsors, ouverture sur l’étranger, meilleure capacité de gestion du territoire.

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