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La guerre en Syrie « a effacé des pans entiers d’une histoire millénaire, qui appartient à l’humanité »

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Cette photographie publiée par l’Agence arabe syrienne d’informations, le 27 mars 2016, montre la destruction du Musée de Palmyre. Cette photographie publiée par l’Agence arabe syrienne d’informations, le 27 mars 2016, montre la destruction du Musée de Palmyre.

Dix ans de guerre en Syrie | A plusieurs reprises ces dernières années, les Nations unies ont alerté sur « l’immensité des dégâts » causés par la guerre aux trésors archéologiques et culturels de la Syrie : au moins trois cents sites du patrimoine culturel ont été détruits, endommagés ou pillés lors des affrontements qui secouent le pays depuis le 15 mars 2011. Parmi eux, six sites inscrits au Patrimoine mondial de l’humanité : les vieilles villes d’Alep (Nord), de Bosra (Sud) et de Damas (Centre), les villes mortes du nord de la Syrie, le krak des Chevaliers (Centre) et Palmyre (Est).

L’historienne Annie Sartre-Fauriat, spécialiste de la Syrie antique et autrice de l’ouvrage Palmyre : vérités et légendes (éditions Perrin, 2017), dresse le bilan de la situation après dix ans de guerre.

A-t-on une idée précise de l’ampleur des dégâts sur le patrimoine syrien après dix ans de guerre ?

Le volume de destructions est très variable selon les zones du pays et les sites considérés. Les combats ont été plus intenses dans le nord du pays : de fait, la vieille ville d’Alep a été détruite à 80 % et certains monuments du site de Palmyre ont été réduits à néant par Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique]. Par comparaison, le Sud a été « relativement » épargné.

L’entrée du souk d’Al-Zarab, dans la vieille ville d’Alep, en Syrie. La photo du haut a été prise le 24 novembre 2008, celle du bas le 13 décembre 2016. L’entrée du souk d’Al-Zarab, dans la vieille ville d’Alep, en Syrie. La photo du haut a été prise le 24 novembre 2008, celle du bas le 13 décembre 2016.

Un autre élément à prendre en compte et impossible à quantifier précisément est l’ampleur des fouilles sauvages réalisées pour alimenter le trafic d’antiquités – ce fut le cas notamment dans la vallée de l’Euphrate, berceau de civilisations millénaires. De tout temps, la Syrie a été le théâtre de pillages d’antiquités, mais la guerre a grandement aggravé cette situation.

Si la destruction des monuments de Palmyre est un crève-cœur, on avait tout de même eu l’opportunité de les étudier… On sait à quoi s’en tenir sur le plan historique et archéologique. Mais nombre des sites fouillés clandestinement n’avaient, eux, pas encore été découverts par les scientifiques. La disparition d’une grande partie du patrimoine non connu est une catastrophe terrible : on a effacé des pans entiers d’une histoire millénaire, qui appartient à l’humanité.

Y a-t-il des projets de reconstruction ou de restauration des sites endommagés ?

La reconstruction de la vieille ville d’Alep a commencé, sous la supervision de la Fondation Aga Khan. Beaucoup de choses ont été faites ces derniers mois : la restauration des souks, celle de vieilles maisons ottomanes des XVIIIe-XIXe siècles… Ses équipes ont aussi amorcé la reconstruction du minaret de la mosquée des Omeyyades. Par le passé, cette fondation privée a mené plusieurs programmes de rénovation dans la ville. C’est finalement comme une tradition qui s’est renouée.

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