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En Tunisie, tour de vis sécuritaire contre les manifestants de janvier

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Des manifestants protestent contre les abus de la police, à Tunis, le 6 février 2021. Des manifestants protestent contre les abus de la police, à Tunis, le 6 février 2021.

Elle voulait porter plainte et se retrouve finalement derrière les barreaux. Rania Amdouni, militante LGBTQ + de 26 ans, a été condamnée le 4 mars à six mois de prison pour « outrage à un fonctionnaire public », pour avoir proféré des insultes dans un commissariat où elle tentait de déposer plainte. La jeune femme avait été la cible d’une campagne de dénigrement en ligne alimentée par des personnes se présentant comme des policiers. Sa photo avait été partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux ainsi que d’autres données personnelles comme son adresse. Alors que son procès en appel doit se tenir le 17 mars à Tunis, plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 6 mars dans la capitale pour exiger sa libération.

Si le cas de Rania Amdouni n’est pas isolé, il est venu donner un visage au tour de vis sécuritaire dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme en Tunisie. Celles-ci ont tenu une conférence de presse mercredi 10 mars pour appeler le gouvernement à prendre position sur ces arrestations, jugées arbitraires, et certains abus et violences, documentés.

Malgré les réformes du système de sécurité intervenues depuis la révolution de 2011, celui-ci demeure fortement critiqué. Ainsi le recours à des articles du code pénal, tels que ceux sur « l’outrage à un fonctionnaire public » ou « trouble à l’ordre public et aux bonnes mœurs », reste fréquent. Cette difficulté à changer de méthode pour gérer les tensions sociales a été particulièrement flagrante lors des manifestations du mois de janvier.

Des centaines de personnes arrêtées

Des milliers de jeunes des quartiers populaires étaient alors sortis dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol face au chômage et à la dégradation de leur niveau de vie. Ces protestations spontanées ont été suivies par des rassemblements de soutien organisés par des partis d’opposition et des organisations de la société civile brandissant des slogans antigouvernementaux, chaque semaine, pendant près d’un mois.

Selon les associations défendant les droits humains en Tunisie, près de deux mille personnes ont été arrêtées depuis ces événements. Des estimations qui diffèrent de celles des autorités. Selon les chiffres communiqués par la direction générale des prisons au média Inkyfada, 968 personnes auraient été arrêtées, dont 141 mineurs, entre le 14 janvier et le 17 février : 617 ont été relâchées depuis, après des procès pour une quarantaine d’entre elles. De son côté, le ministère de l’intérieur n’a pas publié de nouvelles données depuis les premières manifestations. Il évoquait alors près de 630 arrestations.

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