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LETTRE D’ISTANBUL
D’une violence inouïe, les images d’une femme à terre, rouée de coups par son ex-mari, ont fait le tour des réseaux sociaux en Turquie, suscitant une onde d’indignation aussi sincère que passagère à deux jours de la Journée internationale de lutte pour le droit des femmes du 8 mars. Prises en soirée, le 6 mars, depuis la fenêtre d’un immeuble de Samsun, la grande ville des bords de la mer Noire, elles montrent Ibrahim Zarap, 27 ans, frappant à coups de pied la tête son ex-femme, Emriye, qu’il a jetée par terre et qui gît inconsciente sur l’asphalte.
Emriye, dont il est divorcé depuis plus de deux ans, était venue lui amener leur fille, âgée de 5 ans dont il avait la garde pour le week-end. Quelques mots sont à peine échangés entre eux que l’homme se jette sur la femme et la précipite à terre. Les cris déchirants de l’enfant résonnent dans la rue déserte tandis que l’observateur anonyme continue d’enregistrer la scène avec son téléphone.
Entre deux coups de pied, l’agresseur relève la tête et vocifère des injures contre l’homme qui filme depuis sa fenêtre. Bientôt, des passants s’interposent et appellent la police. Le forcené est emmené au poste. La victime et sa fille sont conduites en ambulance à l’hôpital.
300 victimes en 2020
Emriye, 25 ans, a fort heureusement survécu à son agression mais Fatma Kovan, 26 ans, une mère de famille de Denizli, dans la région égéenne, n’a pas eu cette chance. Son ex-mari l’a abattue avec un fusil de chasse le jour même où Emriye se faisait frapper en pleine rue.
Le nom de Fatma Kovan est venu s’ajouter à la liste des femmes tuées par balle, poignardées, étranglées ou battues à mort chaque année en Turquie par leur ex-mari, leur ex-compagnon, leur frère ou leur père.
Pour la plupart, ces femmes avaient pourtant signalé les violences dont elles étaient l’objet mais l’Etat a échoué à les protéger. Emriye, tout comme Fatma, étaient allées se plaindre à la police des menaces reçues de leurs ex-conjoints, sans résultat.
La liste des victimes s’allonge d’année en année. Vingt-deux femmes ont été tuées en Turquie en 2002, 404 en 2018, 474 en 2019, 300 en 2020. La baisse constatée en 2020 peut s’expliquer par le fait qu’une partie des assassinats seulement a pu être répertoriée sur fond de lenteurs administratives liées à la pandémie de Covid-19. Cette même année, 170 femmes ont ainsi été déclarées mortes « dans des circonstances mal éclaircies ». Ces chiffres (300 +170) tiennent compte uniquement des cas enregistrés par la police.
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