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Le « ralentissement » de Twitter, coup de semonce de Moscou contre les réseaux sociaux étrangers

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Un homme consulte son portable à Moscou, le 10 mars 2021. Un homme consulte son portable à Moscou, le 10 mars 2021.

Pour une première bataille contre les réseaux sociaux américains, elle ne paraît guère spectaculaire : une application qui mouline légèrement, quelques secondes supplémentaires pour le chargement d’une image ou d’une vidéo, et encore, pas sur tous les appareils… Le « ralentissement » de Twitter, mis en œuvre mardi 10 mars, par le pouvoir russe sonne encore comme un avertissement, mais il laisse présager probablement une offensive plus dure contre les réseaux sociaux étrangers opérant dans le pays.

Pour l’heure, après des semaines d’appels à sanctionner les réseaux sociaux pour les contenus politiques qu’ils diffusent, c’est un autre angle d’attaque qui a été choisi. Roskomnadzor, le gendarme de l’Internet russe, a accusé la firme américaine de ne pas avoir supprimé des contenus « qui incitent les mineurs à se suicider, contenant de la pédopornographie, ainsi que des informations sur l’usage des drogues ».

« Il s’agit d’un prétexte, assure Artiom Kozliouk, fondateur de l’association pour un Internet libre RoskomSvoboda, à l’unisson de quasiment tous les observateurs, y compris proches du pouvoir. Certains  appels au suicide sont en fait des sites de prévention… Les motivations sont bel et bien politiques, et les prochaines cibles seront Facebook et YouTube, qui sont plus gros que Twitter. »

Appels à des interdictions pures et simples

De fait, le lancement d’une offensive contre les réseaux sociaux était attendu, tant le ton est monté ces dernières semaines contre ces plates-formes. Le thème de l’« Internet souverain », un concept aux contours souvent vagues, a pris un tour nouveau avec le mouvement de contestation déclenché, cet hiver, par l’emprisonnement de l’opposant Alexeï Navalny.

Les autorités russes ont constaté une mobilisation importante sur les plates-formes américaines comme Twitter, Facebook ou Instagram, mais aussi la chinoise TikTok, où des millions d’adolescents ont relayé des appels à manifester (pour finalement sortir peu massivement dans les rues). La plupart de ces réseaux avaient dû payer des amendes – aux montants peu dissuasifs – pour avoir « encouragé des mineurs à participer à des manifestations de masse illégales ».

YouTube est aussi dans le viseur pour être la plate-forme préférée du camp Navalny. Le documentaire sur le palais de Poutine, publié après l’incarcération de l’opposant, y a été vu 115 millions de fois. Parmi les réactions assez explicites exprimées, ce mardi 9 mars, après le ralentissement de Twitter, le sénateur Alexandre Bachkine s’est ainsi réjoui d’une mesure qui « donnera à réfléchir à YouTube et à tous les autres ».

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