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En Birmanie, nouvelle journée de manifestations et de répression avant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU

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Des policiers birmans mettent en joue les habitants d’un immeuble, à Rangoun, jeudi 4 mars. Des policiers birmans mettent en joue les habitants d’un immeuble, à Rangoun, jeudi 4 mars.

Un manifestant a été tué par un tir de police lors d’une manifestation à Mandalay, deuxième ville du pays, où des milliers de personnes défilaient pacifiquement vendredi 5 mars.

Malgré la crainte des représailles, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays vendredi. A Rangoun, la capitale économique, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes pour disperser un cortège de manifestants qu’avaient rejoint une centaine de médecins en blouse blanche, selon des témoins. Un groupe de manifestants s’est également rassemblé dans la ville de Pathein, à l’ouest de Rangoun, a rapporté un témoin.

Cette mort survient deux jours après le jour le plus meurtrier de la répression, avec au moins 38 personnes tuées selon l’Organisation des Nations unies (ONU), alors que sur les réseaux sociaux circulent les images montrant des forces de sécurité tirant sur la foule et des corps ensanglantés. Au moins 54 civils ont été tués depuis le coup d’Etat, le 1er février, selon l’ONU. Parmi eux, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d’après l’organisation non gouvernementale (ONG) Save the Children. On compte aussi des dizaines de blessés. L’armée a fait état pour sa part de la mort d’un policier.

La haut-commissaire aux droits humains de l’ONU, Michelle Bachelet, a exhorté les forces de sécurité birmanes à mettre un terme à ce qu’elle a qualifié de « répression brutale de manifestants pacifiques ». D’après elle, depuis le putsch, plus de 1 700 personnes ont été arrêtées, dont 29 journalistes.

Selon la police locale indienne, neuf Birmans se sont réfugiés mercredi en Inde dont trois policiers ayant déclaré aux autorités de l’Etat de Mizoram, frontalier de la Birmanie, qu’ils fuyaient pour ne pas avoir à prendre part à la répression dans leur pays.

Perturbation des réseaux

La junte a cherché à empêcher les informations concernant la répression d’être publiées, elle a multiplié les coupures d’Internet nocturnes et interdit Facebook, de loin le média le plus populaire dans le pays. Mais les flux vidéo en direct et les images fuitent quotidiennement, et vendredi la junte a subi un revers, YouTube ayant annoncé avoir fermé plusieurs chaînes gérées par l’armée.

Par ailleurs vendredi, de nombreuses régions du pays ont été frappées par des coupures d’électricité, même s’il n’était pas clair qu’il s’agissait d’une mesure délibérée, le pays ayant des infrastructures parfois peu fiables. Plusieurs agences gouvernementales ont attribué les coupures à une « panne de système ».

Réunion du Conseil de sécurité

Malgré les protestations internationales de plus en plus fortes, la junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde qui souffle sur la Birmanie depuis le putsch qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi.

Dans un rapport rendu public jeudi, Thomas Andrews, un expert indépendant mandaté par l’ONU, rappelle que « même si l’avenir de la Birmanie est déterminé par son peuple, la communauté internationale doit agir de manière urgente et décisive pour le soutenir ».

Le rapporteur spécial des Nations unies recommande en conséquence au Conseil de sécurité, qui se réunit vendredi à huis clos pour discuter de la situation dans le pays, de lui « imposer un embargo mondial sur les armes », comme le font déjà, selon lui, les Européens et le Canada, appelant en outre à « des sanctions économiques ciblées » contre les généraux birmans.

Les Etats-Unis ont dévoilé jeudi un nouveau train de sanctions contre l’armée birmane, plaçant sur « liste noire » le ministère de la défense et le ministère des affaires internes, ainsi que le principal conglomérat lié à la junte.

La Chine et la Russie, des alliées traditionnelles de l’armée birmane, n’ont quant à elles pas officiellement condamné le coup d’Etat, considérant la crise comme « une affaire intérieure ».

Le Monde avec AFP et Reuters

Source

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