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Le président de la Cour suprême indienne propose à un violeur d’épouser sa victime pour éviter la prison

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Devant la Cour suprême indienne, à New Delhi, en janvier 2020. Devant la Cour suprême indienne, à New Delhi, en janvier 2020.

Les mots ont été prononcés dans l’enceinte de la plus haute juridiction de l’Inde. Ils émanent de son plus éminent représentant. Lundi 1er mars, Sharad Arvind Bobde, président de la Cour suprême, examinait la demande de mise en liberté sous caution d’un technicien à la Compagnie de production électrique du Maharashtra, âgé de 23 ans. Ce fonctionnaire est accusé d’avoir harcelé, ligoté, bâillonné, violé à une dizaine de reprises une jeune fille mineure scolarisée, dont il était un parent éloigné, puis de l’avoir menacée de la tremper dans de l’essence et de l’incendier, de lui jeter de l’acide ou de tuer son frère, si elle le dénonçait. La jeune fille avait tenté de se suicider. La Haute Cour de Bombay avait rejeté la demande de remise en liberté sous caution du fonctionnaire.

Le président de la Cour suprême, Sharad Arvind Bobde, a conclu l’audience, en proposant à l’accusé d’épouser la victime pour lui éviter la prison, lui expliquant qu’il aurait dû penser aux conséquences de « séduire et violer » une fille mineure. « Si vous voulez vous marier, nous pouvons vous aider. Sinon, vous perdez votre emploi et allez en prison. Vous avez séduit la fille, vous l’avez violée (…). Vous auriez dû réfléchir avant de séduire et de violer la jeune fille. Vous saviez que vous êtes un serviteur du gouvernement », a t-il déclaré. Le magistrat a décidé de suspendre pour un mois son incarcération.

Ses déclarations suscitent l’indignation des défenseurs des droits des femmes. Dans une lettre ouverte, 5 200 signataires exigent sa démission. « En suggérant que ce violeur épouse la victime, vous, le juge en chef de l’Inde, avez cherché à la condamner à une vie de viol aux mains du bourreau qui l’a poussée à tenter de mettre fin à ses jours ! » est-il écrit dans la missive.

Non-reconnaissance du viol conjugal

Les signataires accusent le président de la Cour suprême d’avoir, le même jour, au cours d’une autre audience, consacrée à une affaire de viol conjugal, demandé si cette qualification était admissible au sein du mariage : « Le mari est peut-être un homme brutal, mais pouvez-vous qualifier de viol l’acte de relations sexuelles entre un homme et une femme légalement mariés ? », a interrogé Sharad Arvind Bobde.

« Ce commentaire autorise non seulement toute forme de violence sexuelle, physique et mentale de la part du mari, mais il normalise aussi la torture que les femmes indiennes subissent depuis des années dans le cadre de leur mariage sans aucun recours légal », poursuivent les signataires. Le viol conjugal n’est pas reconnu comme un crime en Inde.

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