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Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo, omniprésent dans la campagne pour les législatives

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Publié le : 04/03/2021 – 07:45

Au dernier jour de la campagne pour les élections législatives ivoiriennes, les partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo s’imposent comme des acteurs clés du scrutin. Pour la première fois depuis son jugement par la justice internationale l’ancien président, qui vit à l’étranger, a décidé de revenir dans le jeu démocratique en faisant alliance avec le parti d’Henri Konan Bédié pour contrer le parti de l’actuel président Alassane Ouattara.

Dernier jour de campagne pour les législatives en Côte d’Ivoire. L’ancien président Laurent Gbagbo, toujours populaire, attend de savoir s’il sera jugé en appel par la Cour pénale internationale pour éventuellement rentrer dans son pays. Mais son parti, lui, fait bien son retour : après dix ans de boycott des élections, la branche « Gbagbo ou rien » du Front populaire ivoirien (FPI) revient dans le jeu politique.

Les pro-Gbagbo font alliance avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié. Cette coalition, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) espère bloquer l’actuel dirigeant Alassane Ouattara et l’empêcher d’avoir la majorité absolue à l’assemblée. 

Si Laurent Gbagbo — arrêté en 2011 et en attente d’un jugement à La Haye pour son rôle présumé dans une crise postélectorale sanglante — n’est pas encore rentré en Côte d’Ivoire, ses partisans sont d’ores et déjà des acteurs-clés des législatives, prévues samedi 6 mars.

Empêcher « la consolidation d’un pouvoir absolu » d’Alassane Ouattara

Ce scrutin « marque le retour de Laurent Gbagbo et de son organisation politique dans le jeu politique institutionnel », se réjouit son fils aîné Michel, universitaire et lui-même candidat dans la commune populaire de Yopougon à Abidjan, ancien fief du FPI qu’il entend bien reconquérir. « Il faut y voir le retour d’une vie démocratique apaisée et une paix durable », affirme-t-il.

L’objectif de la coalition EDS, selon Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo qui sont en contact régulier, est de peser à l’Assemblée nationale, afin d’empêcher « la consolidation d’un pouvoir absolu » d’Alassane Ouattara et de son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui y détient la majorité absolue.

« Nous n’avons pas la même idéologie, mais qu’on le veuille ou non, Gbagbo a une aura populaire : dans des zones entières, y compris à Abidjan, c’est ‘Gbagbo ou rien’ », constate Djedri N’Goran, directeur administratif du PDCI.

« Espoir de revanche »

Cette popularité intacte, malgré les violences post-électorales de 2011, est en partie liée à la personnalité de Laurent Gbagbo qui, issu d’un milieu modeste, reste le symbole « de l’opposant historique à Félix Houphouët Boigny », premier président de la Côte d’Ivoire indépendante, note l’analyste politique Rodrigiue Koné.

Sa trajectoire « est celle de l’enfant pauvre qui lutte contre le système bourgeois représenté par des leaders issus de grandes familles aristocratiques » et qui porte « l’espoir de revanche », dit-il.

Le ministre ivoirien de la Réconciliation nationale, Kouadio Konan Bertin, considère lui aussi l’ancien président de 2000 à 2010 comme un « acteur majeur » de la vie politique ivoirienne dont « l’avis doit être pris en compte ».

Il a annoncé mi-février qu’il devait rencontrer Laurent Gbagbo à Bruxelles où il réside depuis sa libération conditionnelle par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier 2019, dans l’attente d’un éventuel appel de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda d’ici le 31 mars.

La CPI devant laquelle Gbagbo a comparu pour crimes contre l’humanité avant d’être acquitté, l’a autorisé à quitter la Belgique si le pays où il souhaite se rendre accepte de le recevoir.

En dépit de leur passé tumultueux — Laurent Gbagbo avait refusé d’admettre sa défaite à la présidentielle de décembre 2010 face à Ouattara, ce qui avait déclenché des violences à grande échelle faisant 3 000 morts — le chef de l’État a autorisé fin 2020 l’octroi à son rival de deux passeports, un diplomatique et un ordinaire, au nom de « la réconciliation nationale ».

Laurent Gbagbo, 75 ans, avait alors annoncé son désir de rentrer à Abidjan en décembre, mais ce retour se fait toujours attendre.

Ses proches l’ont finalement annoncé pour « mi-mars » et ont mis en place un « Comité national d’accueil » pour préparer la « grande fête » devant accompagner un retour qui s’annonce spectaculaire.

Avec AFP

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