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Accor, Total… ces entreprises françaises liées à la junte militaire birmane

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Salle de réception du Novotel Yangon Max, hôtel cinq étoiles de 366 chambres ouvert notamment par Accor, à Rangoun, capitale économique de la Birmanie. Salle de réception du Novotel Yangon Max, hôtel cinq étoiles de 366 chambres ouvert notamment par Accor, à Rangoun, capitale économique de la Birmanie.

Le coup d’Etat militaire du 1er février en Birmanie vient de ramener le pays des années en arrière et place les entreprises étrangères occidentales – et notamment françaises – dans une position délicate. L’exemple du groupe hôtelier Accor, dont le partenaire local est Max Myanmar Group, illustre ces difficultés. En 2015, le groupe s’est associé à ce conglomérat proche de l’armée birmane pour ouvrir un hôtel cinq étoiles de 366 chambres, le Novotel Yangon Max, à Rangoun, capitale économique du Myanmar (nom donné à la Birmanie par le pouvoir militaire en 1989). L’investisseur birman est le célèbre homme d’affaires Zaw Zaw, devenu proche d’Aung San Suu Kyi après l’arrivée au pouvoir de l’ancienne dirigeante en 2015. Il possède aussi des plantations de caoutchouc, des stations-service et des entreprises de travaux publics.

Selon la Mission internationale indépendante d’établissement des faits au Myanmar créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui a publié un rapport en 2019, cette entreprise a aidé l’armée à construire des infrastructures empêchant le retour des Rohingya sur leurs terres de l’Etat de Rakhine après les persécutions de 2017 qui les avaient poussés à l’exode. Grâce à ses donations, une barrière a été construite à la frontière entre le Myanmar et le Bangladesh, où 750 000 Rohingya avaient fui – quand ils n’avaient pas été tués.

Le partenaire d’Accor « doit faire l’objet d’une enquête criminelle et éventuellement être poursuivi en justice pour avoir contribué directement et de manière substantielle à un crime contre l’humanité », ont conclu les experts indépendants de l’ONU en 2019, même si, depuis, le groupe en question se serait affranchi de sa dépendance vis-à-vis de l’armée, selon une source bien informée à Rangoun. Pas de quoi faire hésiter Accor. Même depuis le coup d’Etat militaire qui, au 2 mars, a fait au moins une trentaine de morts parmi les manifestants. Le groupe hôtelier n’a pas répondu aux questions du Monde sur ce partenariat et indique simplement « suivre la situation au Myanmar », tout en affirmant au passage « soutenir le tourisme positif », sans donner plus de détails.

« Prix du plus gros contribuable »

L’ouverture de l’économie birmane à partir de 2011 a attiré de nombreux groupes français, même si leurs investissements – 5,6 millions d’euros lors de la dernière année fiscale (2019-2020) – restent faibles par rapport à ceux de leurs concurrents asiatiques originaires de Chine, du Japon, de Singapour ou encore de Thaïlande. Les entreprises françaises doivent fonctionner dans un pays qui vit sous la menace des sanctions occidentales, de l’instabilité politique et de l’incertitude juridique, et certaines risquent de voir leur réputation entachée. Surtout lorsque leurs partenaires sont contrôlés par l’armée birmane ou en sont proches.

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