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60 photographes se mobilisent en faveur du Référendum pour les animaux

Une soixantaine d’artistes ont signé une lettre adressée à 90 parlementaires, leur demandant de soutenir le « Référendum d’Initiative Partagée pour les animaux ». Leur objectif, rallier 34 députés et sénateurs supplémentaires aux 151 qui ont déjà affiché leur soutien au RIP, et ainsi atteindre le nombre requis pour déclencher cette initiative citoyenne. Un appel relayé par 30millionsdamis.fr.

Dans un courrier adressé à 90 députés et sénateurs, 60 artistes – pour la plupart photographes animaliers mais aussi peintres ou encore sculpteurs – plaident en faveur du Référendum d’Initiative Partagée (RIP) pour les animaux, prônant six mesures clés pour le bien-être animal (interdiction de l’élevage en cages,  sortie du modèle de l’élevage intensif, fermeture des fermes à fourrure, arrêt de l’expérimentation animale,  bannissement des pires pratiques de chasse et fin de l’exploitation des animaux sauvages dans les spectacles). Des propositions qui rassemblent à ce jour plus de 920.000 « inscrits » s’engageant à signer le référendum lorsque s’ouvrira le recueil officiel des signatures.

Objectif : convaincre les parlementaires indécis

 

Au XXIe siècle, il est grand temps d’avancer vers un monde plus juste tant pour les animaux sauvages que pour ceux d’élevage.
Adrien Favre, photographe

Si 151 députés et sénateurs ont d’ores et déjà affirmé leur soutien au RIP pour les animaux, 34 restent à convaincre pour franchir le seuil des 185 parlementaires requis afin d’appeler l’ensemble des Français aux urnes. Selon Adrien Favre, jeune prodige de la photographie animalière et signataire de ce courrier, l’engagement partagé par lui et ses pairs serait en effet susceptible de persuader les élus qui aujourd’hui manquent encore à l’appel : « Si chaque photographe, par son réseau, amène davantage de signataires, cela peut inciter des parlementaires à prendre partie alors qu’ils ne l’avaient pas fait jusque-là. C’est une question d’électorat : s’ils prennent conscience que nous sommes très nombreux à exiger des avancées pour la cause animale, ils seront moins enclins à privilégier les lobbies tels que celui de la chasse », estime le passionné de nature sauvage.

« Notre objectif est de faire basculer ces 90 députés et sénateurs qui se disent sensibles à la cause animale, et qui pourtant, n’ont toujours pas pris position sur cette démarche citoyenne, explique à 30millionsdamis.fr Laurent Baheux, artiste éminemment reconnu dans sa discipline, lui aussi signataire de la lettre en faveur du « RIP animaux ». Nous, photographes animaliers, sommes des spectateurs privilégiés de cette nature aussi belle que fragile dont nous constatons quotidiennement les dégradations dues aux activités humaines. » Le courrier adressé aux parlementaires indécis pointe le sujet des chasses dites « traditionnelles » (chasse à courre, déterrage et pièges à glu), au motif que celles-ci « n’ont pas évolué depuis le moyen-âge, et autorisent donc la traque, la souffrance et la peur durant des heures avant la mise à mort ». « Nous sommes effondrés quand des êtres rares, magnifiques, emblématiques, que nous photographions depuis des mois ou des années […], sont éliminés dans des conditions de grandes et longues souffrances », écrivent les artistes.

Mettre fin aux pratiques de chasse « archaïques »

 

La chasse de « loisir » est une imposture à la fois inutile, destructrice, polluante et dangereuse.
Laurent Baheux, photographe

« Le déterrage des renards et des blaireaux est une pratique archaïque : avec leurs chiens, des équipages creusent jusqu’aux terriers avant de saisir l’animal à l’aide d’une pince métallique. A ce stress atroce succède la mort infligée à coups d’épieu, au fusil ou déchiqueté par les chiens », précise Adrien Favre, fustigeant tout autant la chasse à courre : « Non seulement la traque est très stressante pour les animaux, mais le combat est complètement injuste : un cerf se retrouve poursuivi par des dizaines d’humains et par des chiens que l’on remplace dès qu’ils montrent des signes de fatigue ». Le jeune photographe condamne également la chasse en battue : « Pour une seule espèce ciblée par les chasseurs, mettons le sanglier, on va déranger toutes les autres pendant une matinée ou un après-midi. C’est une pratique au combien lâche, car des rabatteurs vont effrayer les animaux pour les conduire vers d’autres qui les attendent avec leurs fusils. Un véritable ball-trap ! » « La chasse de « loisir » est une imposture, à la fois inutile, destructrice, polluante et dangereuse, tance de son côté Laurent Baheux. Il n’y à qu’a voir ce sanglier qui ne craignait pas les humains, abattu à bout portant : c’est dire le respect que ces gens ont pour les animaux ! »

Si les signataires mettent l’accent sur les pratiques cynégétiques, affectant directement les milieux naturels dans lesquels ils évoluent au quotidien, ils appuient aussi les autres mesures prônées par le « RIP animaux », comme la sortie du modèle de l’élevage intensif. « Se montrer sensible envers certaines espèces et pas d’autres, cela n’aurait aucun sens. Il me semble cohérent de lier le militantisme pour faire évoluer la chasse et celui visant à mettre fin à l’élevage industriel », affirme Adrien Favre. « Grâce aux lanceurs d’alerte, on voit que derrière les discours, il y a la réalité du terrain qui est une horreur absolue, abonde Laurent Baheux. En face, tous ces lobbies – agroalimentaire, chasse… – commencent à se sentir menacés. Comme dit l’adage, lorsqu’une idée nouvelle surgit, d’abord on s’en moque, puis on la combat, et enfin on l’accepte. »

Le « Référendum pour les animaux », plébiscité par les Français y compris en milieu rural

« Je me réjouis que ces questions soient posées au public de cette manière, conclut Adrien Favre sur l’utilité d’un tel référendum. Au XXIe siècle, il est grand temps d’avancer vers un monde plus juste tant pour les animaux sauvages que pour ceux d’élevage. » « Sur certains sujets tels que les cirques, on voit que cela progresse. Les gens admettent que l’exploitation des animaux sauvages exotiques pour les spectacles, c’est intolérable », affirme pour sa part Laurent Baheux.

Difficile donc pour la représentation nationale d’ignorer plus longtemps la mobilisation citoyenne en faveur des animaux, tant celle-ci s’exprime massivement au sein de la société. Selon un sondage Ifop*, 7 Français sur 10 (73 %) se déclarent favorables à l’organisation d’un « référendum sur le droit des animaux » ; un chiffre qui s’élève à 77 % pour les habitants des communes rurales interrogés. Si la proposition de loi « visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale », votée en première lecture à l’Assemblée nationale, marque certes des avancées significatives telles que la fin de l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques et les delphinariums, la fermeture des fermes à fourrure ou encore l’interdiction de la vente de chiens et de chats en animalerie, le texte omet toutefois l’élevage intensif, un modèle auquel s’opposent 85 % de nos concitoyens (baromètre Fondation 30 Millions d’Amis /Ifop, janvier 2021). Le RIP pour les animaux est donc plus que jamais indispensable !

*L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1 007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 16 juillet 2020.

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