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« Mon frigo est vide » : au Royaume-Uni, l’extrême pauvreté a doublé en un an

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La banque alimentaire de Brixton et West Norwood, dans le sud de Londres, croule sous les demandes, le 27 octobre 2020. La banque alimentaire de Brixton et West Norwood, dans le sud de Londres, croule sous les demandes, le 27 octobre 2020.

Les caisses sont prêtes, bien alignées, remplies de produits alimentaires pour tenir trois jours, mais que la plupart des bénéficiaires font durer bien plus longtemps : du lait, des fruits et légumes, des œufs, des boîtes de soupe… Sur chacune est posée une note personnalisée en fonction des besoins. Ici, une famille de trois enfants a besoin de couches-culottes, de lait pour nourrisson et de shampooing pour bébé. Là, un homme seul n’a pas d’ouvre-boîtes et ne possède ni casseroles, ni assiettes, ni couverts : il faut adapter les dons en fonction. Une troisième souhaiterait des serviettes hygiéniques et des produits pour le ménage.

Depuis le début de la pandémie, la banque alimentaire de Brixton et West Norwood, dans le sud de Londres, croule sous les demandes. D’avril à novembre 2020, elle est venue en aide à 25 500 personnes, plus du double de l’année précédente. Et la tendance se confirme depuis. Dans cette banlieue résidentielle de la capitale britannique, la grande misère a fait un bond pendant les confinements.

Selon le National Institute of Economic and Social Research (NIESR), un groupe de réflexion, l’extrême pauvreté (définie à 70 livres sterling, soit 80 euros, par semaine pour un adulte seul, après le coût du logement) a doublé au Royaume-Uni pendant la pandémie, et est passée de 0,7 % à 1,5 % de l’ensemble des foyers.

« On a vu apparaître des gens qui n’auraient jamais cru qu’ils se retrouveraient un jour dans une banque alimentaire, explique Alison Inglis­-Jones, membre du conseil d’administration de la banque alimentaire. Des gens qui travaillaient dans l’événementiel, les commerces, les restaurants… »

« Jamais je n’aurais cru que cela pourrait me concerner »

Ou des gens comme Omar (nom d’emprunt), 43 ans, un ancien warden (sorte de policier municipal) de la mairie de Southwark, au sud de Londres, qui s’apprête à recevoir le premier don alimentaire de sa vie. « Il y a un an, j’avais une idée préconçue du genre de personnes qui vont dans les banques alimentaires, et jamais je n’aurais cru que ça pourrait me concerner, explique-t-il, encore surpris de sa situation. Intérieurement, je me dis que je suis différent de tous ces gens. Et pourtant, mon frigo est vide. »

L’extrême pauvreté a doublé au Royaume-Uni pendant la pandémie, et est passée de 0,7 % à 1,5 % de l’ensemble des foyers

Il nous reçoit dans son charmant petit appartement de Camberwell, dans le sud de Londres, avec un salon débordant de plantes vertes qu’il bichonne, et son caniche noir, « [s]a priorité ». La malchance a fauché Omar à deux reprises en deux ans. La première fois au printemps 2019, quand il a fait une mauvaise chute dans le cadre de son travail. Une intervention chez une dame, un petit escabeau sur lequel il est monté, et une bête culbute à la renverse, sans rien pour se retenir. Aujourd’hui, il a une main déformée, de fortes douleurs dans le dos et aucune sensation au pied gauche. Il est en arrêt maladie depuis novembre 2019.

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