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Téhéran a choisi, dimanche 28 février, de décliner, temporairement, la réunion informelle sur l’accord nucléaire de 2015, proposée par l’Union européenne (UE) et incluant les Etats-Unis.
« Compte tenu des récentes positions et actions des Etats-Unis et des trois pays européens, [l’Iran] ne considère pas le moment approprié pour tenir la réunion informelle proposée par le coordinateur européen » de l’accord nucléaire de 2015, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, dans un communiqué.
L’UE a proposé, en février, une réunion informelle entre l’Iran et les Etats-Unis, que l’administration du président américain, Joe Biden, a acceptée en principe. Depuis l’élection de M. Biden, Washington, les parties européennes – France, Allemagne, Royaume-Uni – et Téhéran tentent de sauver l’accord de Vienne, qui accordait à l’Iran un allégement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire.
L’ancien président américain Donald Trump a retiré Washington de l’accord en 2018 et réimposé des sanctions punitives contre la République islamique. « Il n’y a toujours pas eu de changement dans les positions et le comportement des Etats-Unis », a continué M. Khatibzadeh, affirmant que l’administration Biden poursuivait « la politique de pression maximale de Trump » contre l’Iran.
Fenêtre d’opportunité étroite
Ces déclarations surviennent alors que le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) se réunit cette semaine pour trouver un équilibre entre fermeté et retenue afin de ne pas compromettre les chances de sauver l’accord de 2015. Cette réunion trimestrielle, qui se tient par vidéoconférence, s’ouvrira lundi matin depuis le siège de l’AIEA à Vienne.
« Il est de la responsabilité commune des 35 gouverneurs de s’assurer que les débats [même houleux] n’affectent pas négativement les efforts diplomatiques destinés à rétablir intégralement le JCPOA [plan d’action global commun] », a averti l’ambassadeur russe Mikhail Ulyanov sur son compte Twitter. « Nous sommes engagés dans une course contre la montre (…). La fenêtre d’opportunité devient très étroite », a-t-il ajouté.
M. Biden s’est dit prêt à relancer l’accord, mais insiste pour que l’Iran revienne d’abord à tous ses engagements nucléaires, dont la plupart ont été suspendus en réponse aux sanctions américaines. Téhéran demande, de son côté, à Washington de faire le premier pas en supprimant les sanctions.
Les Etats-Unis « n’ont même pas annoncé leur engagement à s’acquitter de leurs responsabilités » dans le cadre de l’accord et de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui le consacre, a déclaré M. Khatibzadeh. Selon le porte-parole iranien, « l’Amérique doit mettre fin à ses sanctions illégales et unilatérales et revenir à ses engagements ». Et « cela n’a besoin ni de négociations ni de résolutions ».
« La censure n’est PAS de la diplomatie »
Peu de temps après sa déclaration, le porte-parole a affirmé sur Twitter : « La censure n’est PAS de la diplomatie. Cela ne fonctionne pas avec l’Iran. » M. Khatibzadeh a souligné que l’Iran continuerait de consulter les autres parties à l’accord nucléaire et le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, « en sa qualité de coordinateur [de l’accord], à la fois bilatéralement et multilatéralement ».
La Maison Blanche s’est dite « déçue » mais « prête à reprendre une diplomatie sensée, afin de revenir à un respect mutuel des engagements » prévus dans l’accord de 2015.
Les Européens ont examiné la possibilité de soumettre au Conseil des gouverneurs un texte pour exprimer leurs inquiétudes et rappeler à l’ordre l’Iran, mais rien n’était encore décidé ce week-end, selon des sources diplomatiques, précisant que le dossier iranien ne devrait être abordé que plus tard dans la semaine. Le dernier avertissement remonte à juin 2020 face au refus de la République islamique d’autoriser l’inspection de deux sites suspects. Il s’agissait de la première résolution critique depuis 2012.
« L’introduction d’une résolution, en mépris total des échanges constructifs avec l’Agence, serait absolument contre-productif et destructif », prévient la République islamique dans un papier informel adressé aux Etats membres.
« Chantage »
Les autorités iraniennes ont annoncé, mardi, avoir commencé à limiter certaines inspections de l’AIEA sur ses activités nucléaires, après l’expiration de l’échéance fixée pour la levée des sanctions américaines. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont déclaré « regretter profondément » cette décision de Téhéran jugée « dangereuse ».
Le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi, qui était à Téhéran, a alors négocié « un accord technique temporaire » de trois mois pour maintenir une surveillance, bien que réduite, du programme nucléaire, offrant ainsi un sursis aux grandes puissances pour engager des pourparlers.
Selon les termes de cet accord, les données sur le programme nucléaire iranien « seront stockées mais non transmises à l’AIEA », d’après le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Une situation loin d’être « idéale » selon M. Grossi mais qui permettra à l’organisation de continuer à surveiller « toutes les activités-clés ». Téhéran s’engage à fournir l’ensemble des données des caméras et autres outils si les sanctions sont levées d’ici à trois mois, mais les images seraient « supprimées à jamais » dans le cas contraire.
En cas de vote d’une résolution critique à son encontre, l’Iran a menacé de « mettre fin » à cette solution. De leur côté, les Européens apprécient mal ce qu’il qualifie de « chantage » de Téhéran, explique un diplomate.
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