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Fantôme des années 70, l’inflation tente un retour aux Etats-Unis

La bonne nouvelle: l’économie américaine se prépare à des mois d’euphorie dès le printemps, quand une large partie de la population aura été vaccinée.

La mauvaise nouvelle: cette dynamique retrouvée de l’activité économique pourrait faire grimper les prix. Certains économistes et les marchés redoutent un retour de l’inflation, bête noire des années 70 aux Etats-Unis.

Faudra-t-il donc bientôt ajouter un zéro, voire deux, au prix de la bouteille de lait ?

– Pourquoi s’attend-on à une hausse des prix ?

Il s’agit d’une combinaison de plusieurs facteurs, qui devraient former un cocktail explosif.

L’économie va repartir progressivement à partir du printemps, grâce à la campagne de vaccination, et parce qu’une partie des Américains – les plus aisés – a beaucoup d’argent à dépenser.

Depuis un an en effet, ils ont peu voyagé, peu dîné au restaurant, peu fréquenté les bars ou les salles de sport, ce qui leur a permis de faire des économies.

Le gouvernement fédéral américain a de son côté distribué des milliers de milliards de dollars d’argent public, sous forme notamment de chèques envoyés aux ménages, ou d’allocations chômage plus généreuses.

Le taux d’épargne aux Etats-Unis, qui tournait autour des 7-8% avant la crise, est désormais de 20,5%.

L’étincelle devrait être, selon les économistes, le nouveau plan de relance voulu par Joe Biden, qui pourrait être adopté au Congrès dans les prochains jours. Ces 1.900 milliards de dollars vont faire encore gonfler l’épargne des ménages, qui seront alors prêts à dégainer billets verts et carte bancaire dès qu’ils pourront sortir de nouveau en toute sécurité.

Une maison à vendre, pour laquelle une promesse de vente a été signée, à Washington le 21 novembre 2020 (AFP/Archives - SAUL LOEB)

Une maison à vendre, pour laquelle une promesse de vente a été signée, à Washington le 21 novembre 2020 (AFP/Archives – SAUL LOEB)

Face à ces consommateurs aux poches pleines, il n’est pas sûr que l’offre soit suffisante pour satisfaire la demande. Il y aurait donc une surchauffe de l’économie. Conséquence: les prix pourraient grimper de façon substantielle. Certains secteurs sont déjà sous tension, comme l’automobile confronté en plus à une pénurie mondiale de puces électroniques empêchant les usines de tourner à plein régime.

– Quel serait l’impact de l’inflation ?

Si cette possible hausse des prix était trop élevée et perdurait, il risque d’y avoir une perte de pouvoir d’achat des ménages.

« Ce que l’on craint, c’est une spirale inflationniste », dans laquelle « on consomme aujourd’hui par peur que les prix augmentent demain », décrit Gregory Daco, analyste pour Oxford Economics.

Un cercle vicieux, donc, dans lequel l’inflation s’auto-alimente et devient hors de contrôle.

– Que peut-on faire ?

La principale réponse serait « entièrement dans le camp de la Fed », la Banque centrale américaine, explique Gregory Daco.

Le magasin Macy's de New York lors du Black Friday, le 27 novembre 2020 (AFP - Kena Betancur)

Le magasin Macy’s de New York lors du Black Friday, le 27 novembre 2020 (AFP – Kena Betancur)

La puissante Banque centrale devrait mettre fin à sa politique de soutien à l’économie mise en place au moment où la pandémie a paralysé l’économie.

D’un côté, elle va devoir cesser d’inonder les marchés de liquidités via des rachats d’actifs. Et va devoir relever ses taux directeurs, actuellement quasi nuls. Ces taux ont une influence sur différents crédits et prêts accordés par les banques commerciales aux particuliers et aux entreprises.

Un relèvement des taux est de nature à freiner la consommation, qui représente à elle seule deux-tiers du PIB américain.

La Fed est-elle prête à agir ? Jerome Powell, son président, a répété cette semaine que l’institution allait maintenir son soutien à l’économie parce que le marché du travail est encore loin de se rétablir.

Il martèle que le véritable taux du chômage est à 10% quand on prend en compte les chômeurs qui ont arrêté de chercher un emploi, bien supérieur au taux officiel de 6,3%.

Les prix vont certes augmenter pendant plusieurs mois, mais « c’est une chose différente de l’inflation élevée persistante, que nous ne nous attendons pas à voir », a-t-il déclaré mercredi dernier devant des parlementaires.

On aura donc selon lui une hausse des prix, c’est certain, mais pas l’inflation galopante et hors de contrôle qu’a connu le pays dans les années 70 après le choc pétrolier.

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