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En Birmanie, les manifestations contre le coup d’Etat se poursuivent

Des manifestants protestent contre le coup d’Etat, le 26 février à Rangoun. Des manifestants protestent contre le coup d’Etat, le 26 février à Rangoun.

C’est une vague de colère qui traverse quotidiennement la Birmanie depuis le coup d’Etat du 1er février. Vendredi 26 février, des centaines de manifestants marchaient encore dans les rues de Rangoun pour exiger le retour de la démocratie et la libération d’Aung San Suu Kyi.

Nouveauté : jusqu’ici épargnée par l’usage de la force, contrairement à d’autres villes du pays, la capitale économique, Rangoun, a été le théâtre d’un déploiement massif de la police antiémeute, qui n’a pas hésité à aller au contact des manifestants. Ces derniers, scandant des slogans prodémocratie assis, ont été sommés de se disperser.

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Un journaliste japonais arrêté

Six manifestants ont été arrêtés, ainsi qu’un reporter japonais indépendant, après que la police eut dégagé la principale artère, obligeant les manifestants et les journalistes à se déporter dans les rues secondaires. Selon des témoins de la scène, le journaliste Yuki Kitazumi « a été frappé à la tête avec une matraque mais il portait un casque », a détaillé sur Facebook son assistant Linn Nyan Htun. Un policier a nié que M. Kitazumi ait été battu, et déclaré plus tard qu’il avait été libéré.

Près du carrefour Myaynigone, un quartier résidentiel, les manifestants ont érigé des barricades improvisées avec des tables et du barbelé pour empêcher les policiers de les arrêter. Casques de sécurité sur la tête, les manifestants scandaient : « L’échec de la dictature est notre cause, notre cause ! », un refrain chanté lors des rassemblements anti-junte.

Près d’un autre carrefour en centre-ville, Hledan, les manifestants s’éloignaient de l’artère principale en courant alors que la police se rapprochait d’eux lentement. « Si vous ne le faites pas, nous devrons vous disperser par la force ! », a annoncé la police par mégaphone. Une fois la circulation rétablie, certains automobilistes faisaient le salut à trois doigts, un symbole de résistance.

Un manifestant blessé a été arrêté et placé à l’arrière d’un camion de police, le 26 février 2021. Un manifestant blessé a été arrêté et placé à l’arrière d’un camion de police, le 26 février 2021.

Lance-pierres

Des manifestations ont aussi eu lieu vendredi à Mandalay (centre), la deuxième plus grande ville du pays. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le plus grand centre commercial de la ville, habillés principalement en blanc et portant des masques et des chapeaux avec du rouge, la couleur de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d’Aung San Suu Kyi. Alors que les manifestants s’écartaient, la police a utilisé des lance-pierres pour les disperser, a rapporté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Cinq personnes ont été blessées, dont une sérieusement, selon un médecin, Thet Htay.

La tension est vive depuis jeudi à Rangoun, où un rassemblement de soutien aux militaires a été toléré dans une zone du centre-ville habituellement interdite aux manifestants. Des affrontements entre habitants prodémocratie et militants pro-armée munis de bâtons, de lance-pierres et pour certains de couteaux, avaient alors éclaté. Jeudi soir, Tamwe, un quartier de Rangoun a vu des soldats et des policiers se rassembler pour mettre fin à une petite manifestation contre un responsable municipal nommé par la junte. Selon le journal d’Etat Mirror Daily vendredi, les autorités ont utilisé des grenades assourdissantes et tiré à balles réelles en l’air pour disperser les manifestants. Vingt-trois personnes « feront l’objet de sanctions conformément à la loi », communique l’organe officiel.

Plus de 720 arrestations

Depuis le coup d’Etat, quatre personnes ont trouvé la mort lors de manifestations, une autre a été tuée au cours d’une patrouille nocturne, tandis que l’armée a signalé de son côté qu’au moins un policier avait été tué. Par ailleurs, plus de 720 personnes ont été arrêtées.

L’émissaire des Nations unies (ONU) pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a « condamné fermement » vendredi devant l’Assemblée générale les dernières mesures prises par la junte, appelant à une action internationale pour un retour de la démocratie dans ce pays.

« Je vous exhorte tous à envoyer collectivement un signal clair en faveur de la démocratie en Birmanie », a-t-elle dit par liaison vidéo aux 193 membres de l’Assemblée générale, réunis pour une session spéciale sur la Birmanie.

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Le Monde

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