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Ces militants américains qui veulent abolir la police

Après le meurtre de George Floyd, le vaste mouvement d’opposition aux violences policières s’est emparé d’un mot d’ordre jusque-là réservé aux marges : « Defund the police. » Il peut se comprendre par « définancer », « réduire les budgets », ou carrément « abolir la police » : les ambitions que recouvre le slogan sont variées. Mais elles reposent toutes sur le constat de l’échec des approches réformistes, comme les formations antiracistes, les caméras embarquées ou la diversification des recrutements. Autant de choix pris et mis en œuvre par la ville de Minneapolis et qui n’ont pas empêché ses policiers de tuer un innocent. En outre, pour les partisans du defund, la police prend en charge des situations qui devraient plutôt relever des services sociaux – sans-abri, drogue, maladie mentale, violences intrafamiliales –, alimentant au passage un système carcéral dévorant.

Armée jusqu’aux dents

Pendant la campagne, l’idée a fait son chemin jusqu’à embarrasser Joe Biden, qui a pris soin de s’en démarquer. « On ne peut pas comprendre la radicalité de la réponse si on ne comprend pas la radicalité du problème », juge le sociologue de la police Sebastian Roché. Le budget de la police américaine a presque triplé en trente ans, malgré la baisse de la criminalité amorcée dans les années 1990. Elle est armée jusqu’aux dents, avec plus de 7 milliards de dollars d’équipements militaires légués par le Pentagone, et fait face à la population civile la plus armée au monde. Environ 1 000 Américains sont tués par la police chaque année.

La police est partout, y compris dans les écoles. Même le département de l’éducation a sa propre SWAT team. Le budget de la police de New York est de 6 milliards de dollars. Dans le New York Times, en juin, l’activiste abolitionniste Mariame Kaba écrivait : « A quoi ressemblerait le pays s’il avait des milliards de dollars supplémentaires à dépenser pour le logement, la nourriture et l’éducation pour tous ? »

L’abolitionnisme s’inscrit directement dans l’histoire de la résistance à l’esclavage, au sein d’une communauté qui, loin de se sentir protégée, a tout à craindre de la police. Cette dernière porterait en elle les stigmates liés à ses conditions d’émergence : dans les Etats du Sud, les premières patrouilles de police ont été créées pour mater les révoltes d’esclaves. En 1935, le sociologue W.E.B. Du Bois soutenait, dans Black Reconstruction, l’idée que l’abolition de l’esclavage n’était pas encore achevée. Les esclaves libérés de leurs chaînes, l’institution abolie, « l’ensemble du système pénal en est venu à être utilisé comme une méthode pour maintenir les Noirs au travail et les intimider ».

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