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Plainte contre Nike pour « complicité de recel de travail forcé » des Ouïgours : tous les réseaux sont bons

Des militantes féministes lors d’une opération de collage à Paris, en juillet 2020. Des militantes féministes lors d’une opération de collage à Paris, en juillet 2020.

C’est une opération juridico-­numérique qui pourrait préfigurer les luttes de demain… Alors que le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé un « système de répression institutionnalisé » de la Chine à l’encontre des musulmans ouïgours devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU, mercredi 24 février, l’avocat parisien Mourad Battikh, 36 ans, a déposé plainte contre Nike pour « pratiques commerciales trompeuses et complicité de recel de travail forcé ». Saisi par l’Association des Ouïgours de France, il dénonce « le travail forcé des Ouïgours dans les usines sous-traitantes de la marque en Chine ».

« Les influenceurs ne sont pas des personnalités cupides, abruties par les écrans et droguées au marketing. Ils deviennent des porte-parole, ils vont faire bouger les lignes. » Rajaa Moussadik, associée dans une agence de communication numérique

Ce peuple à majorité musulmane installé dans l’ouest de la Chine est violemment réprimé par Pékin. Selon le rapport du think tank australien Australian Strategic Policy Institute (ASPI), publié il y a un an et sur lequel s’appuient les autorités internationales, plus de 80 000 Ouïgours ont été transférés dans des usines partout à travers la Chine entre 2017 et 2019.

Or, si la plupart des 83 multinationales mises en cause par l’ASPI se sont engagées auprès de leurs consommateurs et du député européen Raphaël Glucksmann, à la pointe de ce combat, à interrompre leurs relations avec les fournisseurs chinois exploitant les Ouïgours, ce n’est pas le cas de Nike. Depuis la publication du rapport, la marque continuerait à travailler avec le fournisseur Qingdao Taekwang Shoes Co. Ltd, qui produit au moins sept millions de paires de chaussures par an pour Nike et a eu recours à un transfert de 600 ouvriers ouïgours originaires de la province du Xinjiang en janvier 2020, essentiellement des femmes.

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« Ce faisant, Nike abuse ses clients, soutient Me Mourad Battikh. La marque est bien loin des engagements éthiques qu’elle proclame dans la charte publiée sur son site officiel. » Connu pour ses publicités engagées contre toute forme de discrimination, Nike a largement communiqué, ces dernières années, sur le code éthique adopté par l’entreprise après les polémiques visant – déjà – les conditions de travail régnant dans les usines de ses sous-traitants asiatiques dans les années 1990. « Les consommateurs français sont donc fondés à se joindre à cette action collective, estime l’avocat. Ce que ces sociétés redoutent le plus, c’est le boycott à grande échelle des petits consommateurs. »

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