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Menus sans viande : quelles conséquences sur la santé des enfants ?

Publié le : 24/02/2021 – 17:17

Le maire écologiste de Lyon a imposé un menu unique sans viande aux élèves de la ville pour des raisons sanitaires, provoquant une levée de boucliers chez certains ministres du gouvernement ainsi que dans les rangs des Républicains. Quels sont les arguments de ceux qui s’élèvent contre cette mesure ? Ne pas manger de viande peut-il engendrer des carences chez les enfants ? Décryptage.

« Idéologie scandaleuse », « une honte » : plusieurs membres du gouvernement se sont déchaînés ces derniers jours contre Grégory Doucet, le maire écologiste de Lyon. L’objet de leur colère ? Un menu unique sans viande servi provisoirement dans les cantines scolaires de la ville depuis le début de la semaine.

Du côté de la nouvelle municipalité écologique, on assure que cette décision a été prise pour des raisons purement techniques. 

« Le nouveau protocole sanitaire impose une distanciation de deux mètres dans la restauration scolaire. Le menu unique va nous permettre d’accélérer le service et ainsi nous permettre d’accueillir tous les enfants », a précisé l’adjointe en charge de l’éducation. 

Stéphanie Léger rappelle que l’ancienne majorité issue de la République en Marche avait pris les mêmes dispositions à la fin du premier confinement sans susciter d’émotions particulières.

Mais ces explications sont loin de convaincre les partisans des menus carnés. Dimanche, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a annoncé qu’il saisissait le préfet du Rhône pour faire annuler cette mesure. « Donnons-leur simplement ce dont ils ont besoin pour bien grandir. La viande en fait partie », écrivait-il sur Twitter. 

Un risque de carences ?

Alors les enfants ont-ils besoin de viande quotidiennement pour bien grandir ? Non, répondent plusieurs nutritionnistes interrogés par France 24. 

« Il ne s’agit pas non plus d’exclure totalement la viande et d’entrer dans des polémiques », prévient d’emblée Nadine Ker Armel, nutritionniste et diététicienne. « La viande apporte des acides aminés qui permettent de fabriquer les muscles. Mais point trop n’en faut ».

Manger moins de viande va, en effet, dans le sens des recommandations des pouvoirs publics. Par ailleurs, ce menu unique, qui inclut des œufs et du poisson, contient des protéines animales et répond aux besoins nutritionnels des enfants. 

Selon le Programme national nutrition santé (PNNS), pour un enfant de 4-5 ans, une portion de 50 g par jour de viande ou de poisson suffit, ce qui équivaut à un œuf, une tranche fine de jambon ou une tranche de blanc de poulet. Pour un enfant de 12 ans ou un adolescent, la portion est doublée, soit 100 g par jour de viande, de poisson ou deux œufs.

« Les enfants ont beaucoup moins de besoin en protéines que les adultes. Consommer en trop grande quantité, cela favorise l’obésité », détaille Nadine Ker Amel. 

En 2017, une enquête de GreenPeace signalait que les enfants consommaient à la cantine entre deux et six fois trop de protéines par rapport aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses). L’ONG de défense de l’environnement pointait du doigt dans cette étude l’influence des « lobbies dans les assiettes de nos enfants ».

Des enfants pauvres pénalisés ?

Les adversaires de cette mesure assurent également que ce menu unique priverait totalement de viande les enfants les plus pauvres car leurs parents n’ont pas les moyens d’en acheter. L’affirmation est inexacte. C’est même le contraire : plusieurs enquêtes montrent que les ménages représentés par des ouvriers mangent plus de viande que les cadres ou les professions libérales. La viande n’est plus un marqueur social. 

Une étude réalisée par le ministère de l’agriculture, en 2013, démontre que les classes les moins aisées consomment plutôt moins de fruits et légumes que les classes sociales supérieures. La cantine scolaire serait alors la seule occasion pour les jeunes issus de foyers modestes de bénéficier d’un menu équilibré au cours de la journée.

« En réalité, on se rend compte que les enfants manquent de fibres dans leur alimentation », assure à France 24 la nutritionniste britannique, Lynn Burns.

Il est donc préférable de diversifier les apports en protéines pour avoir une alimentation équilibrée. « L’intérêt majeur des protéines végétales, c’est qu’elles permettent d’apporter des fibres, des vitamines et des oligo-éléments », abonde Nadine Ker Armel.

Il est tout à fait possible d’avoir des options totalement végétariennes « si le menu est équilibré », conclut Lynn Burns, qui a analysé pendant plusieurs années des menus végétariens de cantines scolaires en Grande-Bretagne. 

En France, sur proposition de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), une option végétarienne sera proposée tous les jours à titre expérimental pendant deux ans dans les cantines scolaires. Selon la CCC, un menu végétarien permet non seulement de réduire les coûts par rapport à un repas avec de la viande mais aussi de faire baisser les gaz à effet de serre et la consommation d’eau liée à l’élevage.

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