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Mort d’une manifestante devenue une icône pour les partisans de la démocratie en Birmanie

Des étudiants de l’université de Mandalay tiennent des affiches avec une image de Mya Thwate Thwate Khaing, 20 ans, lors d’une manifestation contre le coup d’Etat à Mandalay, en Birmanie, le 14 février. Des étudiants de l’université de Mandalay tiennent des affiches avec une image de Mya Thwate Thwate Khaing, 20 ans, lors d’une manifestation contre le coup d’Etat à Mandalay, en Birmanie, le 14 février.

La répression orchestrée par les militaires en Birmanie a fait un mort, vendredi 19 février, une jeune fille blessée par balle la semaine dernière et devenue une icône pour les manifestants qui continuent de se mobiliser pour dénoncer le putsch du 1er février. Les forces de sécurité ont depuis montré leur détermination à réprimer tout mouvement de contestation en utilisant gaz lacrymogène, canons à eau et balles en caoutchouc pour disperser des rassemblements pacifiques.

Le 9 février, Mya Thwate Thwate Khaing, 20 ans, a reçu une balle dans la tête au cours d’une manifestation violemment réprimée à Naypyidaw, la capitale. Depuis, des manifestants défilent avec sa photo et une bannière de 15 mètres de long à son effigie a été déployée sur un pont.

L’hôpital où elle a été admise a confirmé qu’elle était morte peu avant midi vendredi, après avoir passé dix jours en soins intensifs. Un responsable de cet établissement a précisé qu’un examen médical de son corps serait pratiqué. Un service funèbre doit être organisé dimanche, a précisé son frère à l’Agence France-Presse.

Si les autorités ont affirmé que seuls des projectiles en caoutchouc avaient été utilisés durant la manifestation, des membres du personnel médical de l’hôpital qui a soigné des blessés ont raconté qu’au moins deux personnes avaient été touchées par des tirs à balles réelles. L’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International est quant à elle arrivée à la conclusion, après avoir analysé les images à sa disposition, que « la police avait imprudemment visé des protestataires, sans la moindre considération pour leur vie ou leur sécurité ».

La sœur de la jeune fille, Poh Poh, a de son côté lancé un appel : « Rejoignez, s’il vous plaît, le mouvement de protestation pour qu’il réussisse ». « C’est tout ce que je veux dire », a-t-elle lâché devant des journalistes. Sur Twitter, où les commentaires indignés se multipliaient à l’annonce de la mort de la jeune manifestante, un internaute a écrit : « Nous te rendrons justice. »

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« La résolution d’un peuple déterminé »

« Ils peuvent abattre une jeune femme, mais ils ne peuvent voler l’espoir et la résolution d’un peuple déterminé », a écrit sur le même réseau social le rapporteur spécial des Nations unies pour les droits humains en Birmanie, Tom Andrews.

L’Union européenne (UE), dont les ministres des affaires étrangères doivent se réunir lundi pour discuter des mesures qu’ils pourraient prendre contre la junte, a adressé ses condoléances aux proches de Mya Thwate Thwate Khaing et fait part de sa « solidarité avec le peuple » birman. Bruxelles a, à cette occasion, « réitéré son appel aux forces de sécurité birmanes à s’abstenir de [toute] violence contre les manifestants protestant contre le renversement de leur gouvernement légitime », selon Nabila Massrali, une porte-parole de l’UE.

Le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, a annoncé sanctionner pour de « graves violations des droits humains » trois généraux birmans, tandis que le Canada a pris des mesures similaires contre neuf responsables de l’armée, dénonçant « une campagne systématique de répression ». Les Etats-Unis ont eux « réitéré les appels envers l’armée birmane à ne pas faire usage de violence contre des manifestants pacifiques ».

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Les groupes de défense des droits humains ont néanmoins estimé qu’il fallait aller plus loin et s’en prendre aux activités économiques de l’armée, dans l’extraction de pierres précieuses et les domaines de la bière ou le secteur bancaire. La junte, à commencer par son chef, le général Min Aung Hlaing, devenu un paria au plan international depuis les exactions commises contre les musulmans rohingya en 2017, a toutefois jusqu’ici fait la sourde oreille face aux multiples condamnations internationales.

Une sixième nuit sans Internet

Malgré la sévère répression, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec de nombreuses manifestations et grèves. La Birmanie subissait une coupure presque totale d’Internet pour la sixième nuit d’affilée, selon NetBlocks, un observatoire spécialisé installé au Royaume-Uni.

A la mi-journée, des dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées dans les rues de Rangoun, la plus grande ville du pays, brandissant des affiches avec des portraits d’Aung San Suu Kyi, la chef déchue du gouvernement civil et assignée à résidence depuis le coup d’Etat, sur lesquelles on pouvait lire : « La liberté pour notre leader ». « N’allez pas au bureau ! », « Faites grève, faites grève ! », ont scandé les manifestants.

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Plus de 520 personnes ont été arrêtées depuis le début de février, selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Le Monde avec AFP

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