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Le Parti républicain, homme malade de la démocratie américaine

Editorial du « Monde ». Il faut croire que la veulerie est considérée aujourd’hui comme une vertu par de nombreux membres du Parti républicain. C’est en effet leur lâcheté qui les définit désormais avec le plus de consistance, comme l’a montré, samedi 13 février, le second acquittement de Donald Trump.

Ce dernier était accusé d’« incitation à l’insurrection » pour l’assaut du 6 janvier, conduit par certains de ses partisans, contre le Congrès. L’occasion avait été donnée de rectifier l’image dévastatrice produite par la contestation, par Donald Trump, d’un processus électoral parfaitement transparent, puis par cette attaque. Elle a été manquée.

A deux reprises, en 2019 et en 2021, l’ancien homme d’affaires a essuyé l’affront d’une mise en accusation, à chaque fois pour des motifs d’une indiscutable gravité. Qu’on en juge : chantage à l’aide militaire vis-à-vis d’une puissance étrangère, l’Ukraine, pour qu’elle tente de compromettre un adversaire, Joe Biden ; attaque ensuite contre le processus de transfert pacifique du pouvoir, l’un des socles de la démocratie américaine, après une élection perdue à la régulière.

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Commises par un président démocrate, ces lourdes fautes morales et politiques auraient été dénoncées avec une légitime véhémence par le Grand Old Party (GOP) d’avant, celui qui pouvait encore se revendiquer d’Abraham Lincoln. Mais, à chaque fois, les républicains ont choisi le parti contre le pays et le clanisme contre la République. Le parti de la responsabilité individuelle est devenu celui où personne n’est comptable de rien, et le champion « de la loi et de l’ordre » s’accommode désormais de toutes les compromissions.

Peur des représailles

Le GOP a beau se démener pour dénoncer la « cancel culture » imputée au Parti démocrate, qui plongerait les Etats-Unis au bord de l’abîme, c’est lui qui a tenté d’« effacer », pour la première fois dans l’histoire du pays, les résultats d’une élection présidentielle entachée d’aucune irrégularité. C’est ce même parti qui censure, stigmatise et tente d’éliminer tous les élus conservateurs qui ont dénoncé avec courage le comportement du président. La triste vérité est que le trumpisme tourne au culte du chef, par peur des représailles que ce dernier pourrait déclencher en mobilisant sa base.

En refusant de juger Donald Trump coupable, alors que tout l’accable, le Parti républicain s’offre à ses pires génies. Ils sont incarnés par une nouvelle génération d’élus qui ne connaissent que la stratégie de la terre brûlée, dans laquelle l’adversaire est un ennemi, voire un « ennemi du peuple », comme s’ils avaient le monopole de ce « peuple » fantasmé.

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Cette capitulation est d’autant plus inquiétante que la légitimité du recours à la violence se banalise dans les rangs conservateurs. Plusieurs études convergentes de l’American Enterprise Institute, du Public Religion Research Institute ou de la Vanderbilt University l’ont souligné au cours des derniers mois. Cette violence est considérée comme nécessaire lorsque « le mode de vie américain » est jugé menacé, en réalité celui de la majorité blanche en inéluctable déclin dans une nation qui a été construite, depuis ses origines, par ses immigrés successifs. Cette tentation de la violence est alimentée par des médias qui apprécient la haine en parts de marché, et où le mensonge est présenté comme une opinion.

Ce naufrage est une mauvaise nouvelle pour les Etats-Unis, qui ne marchent droit que lorsqu’ils peuvent s’appuyer sur leurs deux jambes politiques : le Grand Old Party est devenu l’homme malade de la démocratie américaine.

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Le Monde

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