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Italie : le retour aux affaires de la Ligue, cadeau empoisonné pour Matteo Salvini

Le nouveau ministre italien du développement économique, Giancarlo Giorgetti, membre de la Ligue, ici en 2018. Le nouveau ministre italien du développement économique, Giancarlo Giorgetti, membre de la Ligue, ici en 2018.

Obtenir la majorité la plus large possible pour n’être l’esclave de personne : tel était l’objectif initial de Mario Draghi lorsqu’il a commencé à mener les discussions en vue de la constitution de son gouvernement, le 3 février. En un peu plus d’une semaine, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) a gagné son pari, obtenant, outre l’appui de l’ensemble des forces de gauche et de la majorité du Mouvement 5 étoiles, le ralliement des deux principaux groupes de la droite au Parlement, Forza Italia (pro-Berlusconi, droite modérée) et la Ligue (extrême droite). Seuls restent en dehors de la majorité quelques dissidents du M5S et les post-fascistes de Fratelli d’Italia.

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Logiquement, la Ligue et Forza Italia ont donc obtenu une présence conséquente (trois représentants chacun) au sein du nouveau gouvernement. Mais, là où la représentation des pro-Berlusconi est très conforme à l’image du mouvement – Mara Carfagna, Mariastella Gelmini et Renato Brunetta étant considérés comme des fidèles du Cavaliere, et n’ayant jamais cherché à lui faire de l’ombre –, la situation s’avère un peu plus compliquée en ce qui concerne les partisans de Matteo Salvini.

Une épreuve pour Salvini

En confiant à Giancarlo Giorgetti le portefeuille stratégique du développement économique, Mario Draghi, tout en tirant les conséquences du ralliement de la Ligue, place son chef de file, Matteo Salvini, dans une situation compliquée. Parlementaire depuis un quart de siècle, Giancarlo Giorgetti est une figure du parti à la stature incontestable, extrêmement populaire dans les milieux d’affaires de Lombardie. Et ces derniers mois, il s’est éloigné du dirigeant de la Ligue, au point d’incarner désormais une ligne très différente de la sienne, nettement plus modérée. Quelques jours après l’élection présidentielle américaine, ne déclarait-il pas que si le parti veut prétendre gouverner, il doit « parler avec Biden », alors que Matteo Salvini refusait encore de se résoudre à la défaite de son champion Donald Trump ?

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Même s’il n’a pas lésiné sur les professions de foi pro-européennes depuis l’investiture de Mario Draghi, Matteo Salvini parviendra difficilement à faire oublier en un clin d’œil ses provocations passées. Dans le même temps, sa concurrente à l’extrême droite, Giorgia Meloni, qui a choisi de rester dans l’opposition, pourrait séduire les déçus du virage pro-européen de la Ligue. Coincé entre l’aile « réaliste » incarnée par M. Giorgetti et la concurrence de Fratelli d’Italia de Mme Meloni à l’extrême droite, Matteo Salvini aura fort à faire, durant les prochains mois, pour conserver sa position de figure de proue des droites italiennes.

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