Il n’est pas besoin de souligner combien, en matière de consultations politiques, l’intitulé d’une question peut influer sur la réponse obtenue. Si l’on souhaite un reflet exact de la réalité, on choisira les termes les plus neutres. En revanche, pour peu qu’on soit intéressé au résultat, il arrive que la demande soit un peu orientée.
En onze années d’existence, la direction du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), qui prônait à l’origine la transparence absolue et le recours généralisé au vote en ligne, clé de la démocratie directe, a insensiblement glissé vers des formulations de plus en plus discutables, à mesure qu’il se convertissait à la dure réalité de l’exercice du pouvoir. Mais jamais elle n’est allée aussi loin que lors de la consultation organisée jeudi 11 février sur la plate-forme Rousseau pour avaliser le soutien à l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, chargé de former le prochain gouvernement italien par le président Sergio Mattarella.
A la question : « Es-tu d’accord pour que le Mouvement soutienne un gouvernement technico-politique prévoyant un super-ministère de la transition écologique et défendant les principaux résultats obtenus par le Mouvement, avec les autres forces politiques indiquées par le président du conseil désigné Mario Draghi ? », 60 % des 120 000 inscrits ont participé, et 59,3 % ont voté « oui », levant le dernier obstacle à la naissance d’un nouveau gouvernement, dont la composition doit être annoncée dans les prochains jours.
« La responsabilité est le prix de la grandeur »
L’ancien chef politique du mouvement, Luigi Di Maio, a salué avec un certain lyrisme ce résultat : « La responsabilité est le prix de la grandeur. Aujourd’hui nos inscrits ont démontré une fois de plus leur grande maturité, leur loyauté vis-à-vis des institutions et leur sens de l’appartenance au pays. » Il aurait également pu les remercier pour l’abnégation avec laquelle ils suivent la formation, malgré les reniements et les changements de cap permanents qui la caractérisent.
Cofondateur du M5S, l’humoriste Beppe Grillo, revenu au premier plan au plus fort de la crise après des mois de silence, n’aura pas ménagé ses efforts pour obtenir ce résultat. La direction du M5S, dont il reste, sinon le chef opérationnel, du moins la référence ultime, théorisait début 2018, au temps de sa splendeur (32 % des suffrages aux législatives) le refus de toutes les alliances. Cela ne l’avait pas empêché de conclure au printemps de la même année un « contrat de gouvernement » à la tonalité très eurosceptique avec la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite). Puis un an après, le même M5S conclut une alliance en bonne et due forme, résolument proeuropéenne cette fois-ci, avec le Parti démocrate et toutes les autres forces du centre gauche.
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