Tribune. En ce 12 février débute le Nouvel An chinois. Témoignage de la persistance à travers les âges de la culture dominante en Chine, celle des Han (ethnie majoritaire à l’échelle du pays), cette tradition ne saurait pourtant occulter la richesse et la diversité de la société chinoise : l’immense territoire chinois regroupe en effet de nombreuses cultures et populations dont les traditions sont souvent méconnues, voire censurées par le pouvoir en place.
Ainsi, des rapports de plus en plus nombreux et étayés attestent depuis 2016 de la politique d’éradication culturelle menée par le régime de Pékin à l’encontre des Ouïgours, population musulmane turcophone, habitant principalement la province du Xinjiang.
Arrestations arbitraires, internements dans des camps de « rééducation », soumission au travail forcé, campagnes de stérilisation perpétrées à l’encontre des femmes, contraceptions et avortements forcés, destruction des lieux de culte, prélèvements d’organes, interdiction de parler leur langue, interdiction de donner un prénom musulman à leur enfant et même persécutions au-delà des frontières… La liste des violations et des crimes commis à l’encontre de la communauté ouïgoure semble sans fin.
Comme les Tibétains
En parallèle, Pékin facilite la migration de Chinois han dans la région du Xinjiang : les Ouïgours sont ainsi en passe d’y devenir minoritaires. Comme pour les Tibétains, à terme, c’est l’existence même de cette population, avec sa culture et ses spécificités, qui est menacée.
Kazakhs, Ouzbeks et Mongols sont exposés au même risque en tant que minorités ethniques : le Parti communiste chinois est sans pitié contre celles et ceux qui pourraient contester son autorité sur le territoire chinois. Hongkong en a aussi fait les frais, la répression contre l’opposition démocratique aux représentants de Pékin étant féroce.
Selon l’ONG Human Rights Watch, entre un et trois millions de Ouïgours sont actuellement enfermés dans des camps où il leur est appris à oublier leur culture, leur religion, à coups de sévices, et où ils sont forcés à produire des biens que nous, Européens, consommons parfois sans même le savoir.
Ces violations des droits humains permettent ainsi à des multinationales – dont certaines européennes – de réduire leurs coûts de production : un rapport de l’Institut australien de politique stratégique a ainsi identifié, en février 2020, plus de quatre-vingts entreprises bénéficiant de ce travail forcé. Pour éluder leurs responsabilités, elles se cachent derrière leurs sous-traitants.
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