Publié le : 11/02/2021 – 01:18
Yvickel Dieujuste Dabresil, juge à la Cour de Cassation accusé de « tentative de coup d’État » par les autorités haïtiennes, a été libéré mercredi. Dans la journée, la police a dispersé sans ménagement un cortège d’opposants au président, dans un contexte de bras de fer pour la direction du pays.
Le juge arrêté dimanche par les autorités haïtiennes, qui l’accusent de « tentative de coup d’État », a été libéré de prison mercredi 10 février. Yvickel Dieujuste Dabresil, juge à la Cour de Cassation, a été libéré de la prison de Croix-des-Bouquets, en banlieue de la capitale haïtienne, mais il reste sous contrôle judiciaire, selon ses avocats.
Plus tôt dans la journée, la police a fait un large usage de grenades lacrymogènes pour disperser les quelques centaines de jeunes qui manifestaient contre le président Jovenel Moïse, qu’ils accusent de prolonger illégalement son mandat présidentiel.
Journalistes visés
Des policiers ont ensuite à plusieurs reprises directement ciblé leurs tirs de grenades lacrymogènes contre des journalistes clairement identifiés, dont les journalistes de l’AFP.
« Leur travail c’est de tirer sur les militants, lancer du gaz sur toute la presse », a dénoncé un manifestant, Sénat André Dufot. « On a tous constaté qu’ils ont déposé une (grenade) lacrymogène à l’arrière du pick-up de télé Pacific », a-t-il témoigné, un exemplaire de la Constitution haïtienne dans sa main.
Dans un communiqué, l’Association des journalistes haïtiens a appelé les autorités de la Police nationale d’Haïti à « diligenter une enquête pour identifier les auteurs de ces exactions afin qu’ils répondent de leurs actes ».
Bras de fer
Le cortège était parti de la faculté d’ethnologie avec l’objectif de plaider pour la défense de la démocratie.
Vingt-trois personnes, dont le juge Dabresil, ont été arrêtées par la police dans la nuit de samedi à dimanche, accusées par les autorités de « tentative de coup d’État ».
« On fait le parallèle entre les techniques des Duvalier père et fils et celle de l’apprenti-dictateur Jovenel Moïse », a accusé Ebens Cadet, un étudiant. « Quand il y a des opposants qui bataillent, la meilleure façon de les éliminer c’était de les accuser de fomenter un coup d’État », a-t-il ajouté.
Par un arrêté publié dans la nuit de lundi à mardi, le président haïtien Jovenel Moïse veut forcer à la retraite trois juges, dont le juge Dabresil, que l’opposition avait désignés comme potentiels dirigeants intérimaires, dans un contexte de bras de fer pour la direction du pays.
Jovenel Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu’au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une bonne partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse est arrivé à terme le 7 février dernier. Ce désaccord de date est né du fait que Jovenel Moïse avait été élu lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Avec AFP
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